#Coronavirus : Et si Internet tombait en panne ?


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Vendredi 27 Mars 2020 à 10:30

Télétravail, réunion en ligne, streaming vidéo, jeux… depuis la mise en confinement général de la France, le réseau internet subit des montées en charge beaucoup plus importantes que d’ordinaire. Et si cette situation inhabituelle entrainait un crash général d’Internet. C’est la question que se posent nombre de citoyens connectés.


Une panne de réseau, inconcevable pour les utilisateurs, de plus en plus nombreux pendant cette crise sanitaire sans précédent (photo Adobe Stock)
Partout dans le monde, le réseau internet est devenu incontournable. Encore plus en cette période de confinement, le réseau des réseaux constituant le seul moyen pour les salariés de poursuivre leur travail, à domicile, les enfants leurs études et les autres pour échanger avec les proches, jouer ou regarder des films. Depuis le début du confinement les français ont pris de nouvelles habitudes, sans se soucier des surcharges inévitables du réseau et de ses services. 
 
Ces nouvelles habitudes ne vont-elles pas engendrer une saturation du réseau du réseau, au point de le rendre indisponible pendant plusieurs jours. Sans compter que les pirates, qui par principe n'ont pas d'état d'âme, n’ont pas cessés leurs activités, profitant même de l’occasion pour en remettre une couche avec des opération de « déni de service » qui visent justement à bloquer Internet et tout ce qui passe par ses tuyaux. Et qu’importe si ça bloque un télétravailleur, un joueur ou … un centre hospitalier.
 
Les professionnels du secteur assurent que le réseau peut encaisser l'augmentation du trafic, mais jusqu’à quand ? Les techniciens étant pour certains malades ou confinés à domicile. Depuis le début du confinement, « tous les opérateurs des réseaux de télécommunication constatent la même tendance », indique à France Info Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des télécoms. « En une semaine, la consommation de Netflix a augmenté de 100% et celles des plateformes de télétravail et de visioconférence, à l’exemple de Zoom, a été multipliée par 2, 3 ou 4 », selon les opérateurs.
 
Bloqués chez-eux, les français ont ressentis ce besoin de continuer à communiquer, pour prendre des nouvelles de leurs proches, mais aussi pour ne pas se sentir isolés, face à ce méchant virus qui les menace. D’ordinaire, c’est en soirée que le réseau est très sollicité, mais parallèlement cette surcharge est compensée par l’arrêt de travail des entreprises. Mais depuis le confinement « on a une consommation continue, toute la journée, beaucoup plus importante que d'habitude », poursuit Sébastien Soriano, président de l’Acerp, le gendarme des télécommunications. 
 
La sollicitation ne cesse de croitre, à l’exemple de l’application WhatsApp qui se remplit de vidéos et autres animations, gourmandes en données. « Chaque jour, on voit le volume de data que supportent les réseaux croître, et on ne sait pas où ça va s'arrêter », prévient Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux, infrastructures et services internationaux d'Orange. « On continue à augmenter les capacités, à puiser dans les réserves. Mais celles-ci ne sont pas infinies ». 
 
Ce qui pose plus de difficultés se sont les fermetures des frontières, la réduction du trafic aérien et maritime qui empêchent les techniciens de se déplacer pour des opérations de maintenance transfrontalières ou de maintenance des réseaux sous-marin. A cela s’ajoutent difficultés d’approvisionnement des pièces utilisées dans les data center qui proviennent principalement de Chine, épicentre du Coronavirus. 

Prioriser l’utilisation pour répondre aux besoins essentiels

Le réseau est solide et les opérateurs multiplient les messages pour appeler leurs clients à une peu plus de raison. D’autant que pour le coup la sollicitation est interplanétaire. Un peu comme elle l’est, temporairement, lors de grands événements sportifs, tels la coupe du monde de football ou les Jeux Olympiques. 
 
« Si le confinement devait durer et si on avait dans quelques semaines un risque de saturation du réseau, on se donnerait les moyens de prioriser des utilisations pour répondre aux besoins essentiels du pays », prévient Arthur Dreyfuss. La priorité serait alors vraisemblablement donnée au télétravail et à l'enseignement à distance dans la journée, plus qu'aux divertissements, avec la mise en place d’un système de bridage, même si cela met à mal la neutralité d’internet en matière d’utilisation. 
 
De son côté le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, ancien Ministre de l’Économie et des Finances et ancien patron de France Télécom, fait pression sur les géants américains du streaming vidéo pour qu’ils réduisent la qualité de leurs vidéo et la bande passante,  Arthur Dreyfuss appelle  les utilisateurs à faire preuve de « responsabilité numérique » et leur préconisant d’optimiser l’utilisation du réseau. Après-tout le confinement c’est aussi un bon moment pour jouer en famille avec des jeux de société ou de lire un bon livre. 
 
Si tout semble être mis en œuvre sur les réseaux filaire pour optimiser au mieux les flux, c’est un peu différent sur les réseaux hertziens, où les utilisateurs doivent se partager des antennes relais, jusqu’à la congestion. Un phénomène bien connu de ceux qui veulent envoyer une vidéo lors d’un gros événement. 
 
Stéphane Bortzmeyer, un ingénieur spécialiste des réseaux informatiques, joint par France Info, se veut néanmoins rassurant : « Généralement Il y a peu de pannes sur le réseau internet. Elles concernent le plus souvent le réseau d'un opérateur ou un site web qui devient inaccessible parce que son serveur est tombé (arrêt d’un serveur suite à trop de connexions simultanées – NDLR) ». Un problème qu’ont connu les parents au début du confinement lorsqu’ils se connectaient aux plateformes d’enseignement proposées par le ministère de l'Éducation nationale au début du confinement.





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