Économie circulaire : Brune Poirson veut faire entrer la France dans le XXIe siècle


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Vendredi 5 Juillet 2019 à 18:30

De passage en Anjou, Brune POIRSON, la Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, est allée, ce jeudi 4 juillet, à la rencontre de plusieurs acteurs locaux de l’économie circulaire. Elle a pu ainsi échanger avec des structures du recyclage et de l’écoconstruction lors d’une table ronde organisée à l’ESAIP, une école d’ingénieurs d’Angers.


la Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson lors de son intervention à l'ESAIP Angers
Christophe ROUVRAIS, directeur de l’ESAIP, l’école d’ingénieurs en informatique et préventions des risques dont le siège est installé à Angers, n’était pas peu fier d’accueillir, pour une table ronde sur l’économie circulaire en Anjou, la Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire : Brune POIRSON (voir vidéo). Cette dernière vient de mettre la dernière main au projet de loi sur l’économie circulaire qui après être présenté en Conseil des ministres sera soumis au débat parlementaire à la rentrée de septembre. 
 
L’occasion pour les structures locales qui s’investissent dans le recyclage et l’écoconstruction, de venir présenter leurs avancées en matière de recyclage de matériaux, à l’exemple de l’Ecocyclerie des Mauges et de l’écoconstruction Archipep’s à Écouflant, ville de l’agglomération d'Angers. Le choix d’organiser une table ronde à l’ESAIP, animée par Matthieu ORPHELIN, député de la première circonscription de Maine-et-Loire, ancien de l’ADEME, ex LaREM redevenu EELV, ne s’est pas fait au hasard. L’établissement forme, entre autres, des ingénieurs en Environnement et économie circulaire, mais aussi en informatique écoresponsable.

« On essaie de former des ingénieurs qui vont donner du sens à ce qu’ils font et nos étudiants nous poussent chaque année à nous améliorer », précise Christophe ROUVRAIS. « Nous avons mis en place un campus qui prend en charge la gestion des déchets. Depuis des années nous maitrisons nos ressources et nous achetons en circuit court. Nous faisons tout pour limiter notre empreinte environnementale y compris dans le digital dont on sait que l’impact est loin d’être négligeable ».
 
Des propos qui ont retenu l'attention de la ministre. De même que ceux de l’Ecoclyclerie des Mauges et Archipep’s. « En venant ici je savais que j’aurais de bonnes surprises mais je ne pensais pas sortir de là avec un complexe d’infériorité », a avoué Brune POIRSON à un auditoire composé d’élus locaux, chefs d’entreprises et étudiants. « J’ai trouvé l’échange passionnant et j’ai pris plein de notes », le Maine-et-Loire qui héberge entre autres l’ADEME et bon nombre de structures éco-solidaires, dans lequel les Verts ont plutôt fait un bon score lors des dernières européennes, se présentant comme un creuset pour le projet de « loi anti gaspillage pour une économie  circulaire  » sur lequel a travaillé la ministre. 
 
« Vous êtes donc des pionniers » a appuyé la ministre. « Si cette loi ne fait pas pour l’instant l'objet de critiques vives c’est notamment parce que nous avons des ambassadeurs comme Matthieu Orphelin qui s’est appuyé sur son expérience à l’ADEME et sur celle de terrain, j’en ai la preuve, pour nous contraindre à plus d’exigences. Il nous a beaucoup parlé de chez-lui et il avait raison ». 
 
« Nous voulons que le produit le moins polluant soit aussi le moins cher »

 La ministre s'est montrée préoccupée par deux sujets : « La lutte contre gaspillage et donc le développement de l’économie circulaire » mais aussi celui « du numérique durable ». « Les deux n’iront pas l’un sans l’autre, le numérique c’est une solution mais c’est aussi l’un de nos plus gros problèmes », a poursuivi la ministre à l’attention notamment de l’ESAIP. « Trop peu d’écoles et d’entreprises pensent à l'impact environnemental du numérique ».
 
Après avoir rappelé que l’économie circulaire c’est 800 000 emplois en France, Brune POIRSON s'est fixée pour objectif de créer à termes 300 000 emplois supplémentaires. «N’oublions pas qu’une tonne de déchets recyclés permet de créer dix fois plus d’emplois qu’une tonne de déchets enfouis ». 
 
Pour la ministre « il est temps de rentrer dans le XXIe siècle ». « Au 19e siècle on avait une notion centrée sur l’hygiéne, où l’on a découvert la relation entre les tas d’ordures dans les villes et la santé, avec l’objectif de mettre les déchets hors des villes. Le 20e a été celui de de la surconsommation. C'est seulement en 1991 qu'on a commencé à réfléchir à la notion de recyclage ». 
 
Revenant sur la genèse de la loi qui a rassemblé des collectivités, associations, éco-organismes, services de l’État, citoyens…, Brune POIRSON a rappelé que « chacun devait faire le maximum pour que l’économie tourne mieux en luttant contre la surproduction et la surconsommation, en favorisant le réemploi et en dernier lieu recycler ». Le recyclage n'étant selon elle qu'une conséquence de la production exponentielle de déchets. 
 
Pour atteindre ces objectifs l’Etat veut faciliter le travail des collectivités locales en matière de gestion des déchets et les structures de recyclage et de réparation en créant huit nouvelles filières de pollueurs-payeurs, les jouets, les articles de bricolage et de sport, et en élargir d’autres ( réforme de la responsabilité élargie du producteur (REP). « Les citoyens deviendront également des acteurs de la consommation en développant pour eux l’affichage environnemental et la solidarité ».  « Nous voulons que le produit le moins polluant soit aussi le moins cher et non l'inverse ». Un système de bonus-malus va donc être mis en place par le biais de l’éco-contribution, facilement identifiable pour le consommateur par un code couleur. « Nous voulons aussi lutter contre la prolifération du plastique, en adoptant la consigne, le moyen le plus efficace pour recycler les déchets ».
 
Nul doute que ce texte, contraignant pour les industriels mais aussi pour les consommateurs, s’affiche comme la « loi écologique » du quinquennat Macron, démontrant que le gouvernement s’engage bien sur cette voie. Les résultats des dernières européennes sont passés par là. Mais des incertitudes demeurent, notamment sur la capacité de l’État à faire appliquer ces objectifs environnementaux. Car pour la ministre il ne s’agit pas de faire du « greenwashing », mais bien de prendre la mesure des enjeux qui s’imposent en matière de protection de l’environnement. 

A lire pour en savoir plus : www.actu-environnement.com .






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