L’hydrogène s’annonce comme l’accélérateur de l’électromobilité


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Lundi 15 Juin 2020 à 12:05

Mobilité Hydrogène France, groupe dédié à la mobilité au sein de l’AFHYPAC (Association Française pour l’Hydrogène et les Piles à Combustible), salue la place faite à l’hydrogène dans le Plan de relance automobile présenté par le Président de la République le 26 mai dernier. Mais attention les choses ne sont pas aussi simples, pour que l’hydrogène s’intègre dans la chaine de valeurs de la transition énergique des transports il est nécéssaire que cette énergie d’avenir soit produite de manière décarbonée.


L'hydrogène, une solution d'avenir, à condition qu'elle soit produite de manière écologique. (Photo Adobe Stock)
Au-delà des indispensables mesures de soutien à court terme, la transition écologique des transports et les véhicules électriques en particulier restent au cœur du Plan de relance français, en ligne avec la démarche menée au niveau européen (Pacte Vert pour l’Europe). « C’est un pas en avant pour le climat et la qualité de l’air, mais également pour la compétitivité à long terme de l’industrie automobile européenne face à des pays asiatiques et à la Chine en particulier qui investissent massivement dans les véhicules zéro-émission », explique Fabio Ferrari, 1er Vice-Président de l’AFHYPAC et coordinateur du groupe Mobilité Hydrogène France. 

Dans cette transition énergétique et industrielle, l’hydrogène est un accélérateur de l’électromobilité: complémentaire à la technologie batterie, il permet à de nombreux professionnels qui n’ont que quelques minutes pour « faire le plein » et/ou transportent des marchandises ou des personnes sur des distances significatives de se convertir au zéro- émission.

L’hydrogène offre en effet un confort d’usage - en termes de temps de recharge et d’autonomie notamment - identique au véhicule thermique. Il élargit donc le marché de l’électromobilité pour les constructeurs – en octobre dernier Renault a ainsi annoncé le lancement de Kangoo Z.E Hydrogen, qui précède celui du Master Z.E Hydrogen. Le Groupe PSA lancera quant à lui une flotte de véhicules utilitaires hydrogène fin 2021. Les chauffeurs de taxi de la société Hype roulent par ailleurs déjà en Toyota Mirai (une nouvelle version sortira en 2021) – ils sont plus de 100 déjà dans la capitale. Mais ces véhicules, peu produits, restent encore chers à l’achat.

Or, cette complémentarité est pleinement reconnue dans le plan de relance français : au- delà du maintien du bonus écologique, les véhicules utilitaires électriques hydrogène bénéficient de la prime à la conversion annoncée et des mesures visant à mobiliser la commande publique pour accélérer la transition énergétique des flottes. La « production, conception et usage des équipements et systèmes hydrogène pour la mobilité» bénéficieront par ailleurs du fonds d’investissement automobile (150 millions d’euros dès 2020 pour le soutien à la recherche et à l’innovation du secteur automobile). Le fait que le gouvernement, en accord avec la Plate-forme automobile Française (PFA) - qui réunit constructeurs et équipementiers -, annonce un soutien à la technologie hydrogène, qui concerne aussi bien la demande de véhicules que l’offre industrielle, est donc un grand pas en avant pour la filière. Il est en ligne avec l’objectif gouvernemental d’un million de véhicules propres à l’horizon 2025. 
 

La partie immergée de l’iceberg

Surtout, ce Plan de relance, adressé avant tout au grand public, ne reflète qu’une partie des travaux menés par la filière française avec les autorités. La question du nombre de stations notamment a été traitée dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie : l’objectif de 100 stations en 2023, issu du plan gouvernemental de 2018, a été réaffirmé, et il devrait être dépassé dans les faits». 160 projets adressant tous les secteurs (mobilité, énergie, industrie) ont en effet été déposés en réponse à l’Appel à Manifestation d’Intérêt hydrogène publié le 27 janvier dernier par le gouvernement. 

« Nous travaillons actuellement en étroite collaboration avec les services de Bercy pour articuler ces projets entre eux et structurer la chaîne de valeur française » poursuit Fabio Ferrari. 

Les discussions se poursuivent, aussi, pour lever certains verrous règlementaires notamment et faciliter la production à grande échelle d’hydrogène décarboné – en ligne, à nouveau, avec les démarches engagées au niveau européen. L’hydrogène a donc indéniablement fait un pas en avant en s’insérant dans le Plan de relance du gouvernement. Fera-t-il le grand pas qui permettrait à la France d’être au cœur d’une chaîne de valeur européenne compétitive au niveau mondial, sans retard sur les pays asiatiques ? « Nous le saurons dans quelques mois, répond Fabio Ferrari. Lorsque le gouvernement annoncera le soutien apporté aux projets innovants de pré-industrialisation de la filière, indépendamment du Plan de relance ». Un premier pas donc, en attente du second.





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