Le Foodscaping : l'art de cultiver ses légumes en site urbain


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Mercredi 22 Avril 2020 à 16:25

En cette période de crise sanitaire, les français confinés en leur domicile retrouvent l’envie d’acheter des légumes issus de la production locale et de les cuisiner. Cette habitude pourrait se poursuivre, pour peu que chacun se transforme en jardinier amateur, en utilisant son jardin d’agrément ou son balcon pour y cultiver des légumes. Cette tendance initiée bien avant la crise sanitaire s’appelle le « Foodscaping ». Vous connaissiez ?


Quand les laitues deviennent ornementales, tout en restant comestibles (Photo Rock Giguère)
L’idée de cultiver des légumes en site urbain n’est pas nouvelle. C’est même la principale activité du mouvement des « Incroyables comestibles  » ( Incredible Edible, en anglais), lancé en 2008, par un groupe de citoyens de la ville anglaise de Todmorden. L’idée : « créer une abondance gratuite de nourriture à partager pour tous, dans une démarche d’autonomie alimentaire locale, saine, durable, engagée et inclusive ». 
 
L’initiative qui fait appel à l’intelligence collective, au partage et à la solidarité, touche d’autres pays, dont la France, certains entretenant des espaces sur lesquels croissent des légumes et autres fruits qui sont mis à disposition de tout un chacun, dès lors qu’il n’a pas l’espace suffisant ou les ressources nécessaires.
 
Mais cette tendance qui pousse à cultiver ses légumes, pour sa propre consommation, dans des zones où l’espace et l’accessibilité de la terre arable sont plutôt rares porte un nom : le « Foodscaping » ou art d’intégrer des plantes comestibles au jardin d’ornement.
 
« Pour ma part, j’ai toujours aimé planter des végétaux comestibles en pots, dans mes plates-bandes afin de me procurer des aliments frais, sains et accessibles durant l’été et l’automne », explique la naturopathe Québécoise Guylaine Audet.
 
Et pas besoin d’avoir une grande surface, il suffit de quelques jardinières accrochées aux garde-corps d’un balcon, d’une petite cour intérieure, et d’y remplacer les plantes décoratives et les fleurs, voire semer aux beau milieu, tomates, salades, betterave et autres fraisiers, pour s’assurer une consommation personnelle, à la belle saison, comme ceux qui ont la chance d’habiter à la campagne. D’autant que les légumes et fruits ne manquent pas d’allure, encore plus quand ils fleurissent avant de procurer des fruits. Chacun pouvant même ajouter sa touche personnelle et s’orienter vers des micro-jardins de plantes aromatiques, pour agrémenter la cuisine, à la culture de légumes plus imposants, selon l’envie et l’espace. 
 
« La sélection et l’achat de petits plants ou de graines est personnel a chacun », précise la naturopathe. « Pour ma part, je sélectionne ce qui me fait vibrer, m’inspire et ce que mes enfants adorent manger ». Et d’ajouter : « si l’on souhaite s’aventurer dans la découverte et le plaisir de nouveaux aliments, le choix ne manque vraiment pas et le plaisir est exponentiel ». 
 
Et quand on défend le « capital santé » de tout un chacun en les rendant acteurs de leur propre santé avec notamment l’utilisation de moyens naturels, la culture de ses propres fruits et légumes, base de notre alimentation, prend tout son sens. Et pour Guylaine Audet, l’affaire devient même familiale, sans compter que cette dernière utilise même certaines de ses productions dans le cadre de son activité professionnelle. 
« On ne peut pas manger du gazon. Il faut connecter le jardinage à la santé en utilisant les espaces ouverts »
« Chaque membre de la famille participe au projet de près ou de loin. L’achat de nos graines et de nos plants biologiques se fait au mois de mai », commente, en vraie spécialiste qu’elle est devenue, Guilaine Audet. « Nous achetons de la bonne terre et ajoutons du compost et de l’engrais naturel pour certaines variétés de végétaux. Mon conjoint tourne la terre, ajoute la nouvelle et agrandit le jardin chaque année de quelques mètres… ». Puis, « mon fils et moi plantons nos semences et nos plants uniquement après la pleine lune de mai pas avant, car sinon le froid peut détruire en une nuit tous vos efforts ».  
 
Le foodscaping, concept né outre-Atlantique, souvent traduit par aménagement paysager comestible ou agriculture de cour, est un type d'aménagement dans lequel tout ou partie d'une pelouse et des plates-bandes, sur une propriété privée (ou parfois une propriété publique) sont utilisée pour cultiver des aliments. Pour les spécialistes de l’aménagement urbain il est considéré comme un système de culture hybride qui se situe entre le jardin potager et l'aménagement paysager dans le sens de cultiver un jardin de manière globale, en le rendant joli, tout en permettant de se nourrir, selon le principe d’un « paysage intégrateur ».
 
« Plusieurs personnes veulent cultiver des plantes pour se nourrir sainement tout en conservant aussi un aspect décoratif dans leur aménagement », explique Rock Giguère, un écrivain Québécois, conférencier, mais aussi jardinier amateur, dans une infolettre publiée sur internet. « Le mouvement du «Foodscaping» répond à ce souhait de plus en plus partagé principalement par «les milléniums» ( nés après 1980 – NDLR ) ainsi que par les autres générations ». 
 
Pour ce dernier, il s’agit tout simplement « d’augmenter la valeur et l'utilité de notre aménagement en utilisant des plantes comestibles, en intégrant des plantes que nous pouvons déguster dans les aménagements traditionnels », en précisant que l’aspect ornemental est encore important à travers ce mouvement. 
 
Mais comme soulignent ceux qui adhère à ce mouvement qui prend de l’ampleur, même en France : « on ne peut pas manger du gazon ». Alors, ajoute Rock Giguère : « il faut connecter le jardinage à la santé en utilisant les espaces ouverts ».





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