Le biogaz, une énergie renouvelable qui a le vent en poupe


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Mercredi 15 Novembre 2017 à 23:46

Alors que se déroule actuellement à Bonn, en Allemagne, la 23e Conférence (COP23) sur climat et surtout son réchauffement, il est une énergie renouvelable dont on parle peu et qui pourtant trace son chemin : c’est le biogaz. Cette énergie issue de la méthanisation des eaux usées et des déchets, s’affirme comme une source d’énergie circulaire qui réduit les gaz à effet de serre dont il est fortement question à la conférence de Bonn.


Station d’épuration de Strasbourg – La Wantzenau (France) où se déroule le projet Biovalsan (Photo SUEZ )
Les experts l’affirment : il est aujourd’hui possible de produire un carburant qui n’émet pas de particules fines et pratiquement pas d’oxyde d’azote. Ce carburant qui peut être utilisé pour le chauffage des immeubles comme pour alimenter nos véhicules à moteur, c’est le biogaz. Ce carburant repose sur la méthanisation,  le processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en absence d'oxygène. Si ce phénomène se produit à l’état naturel dans certains sédiments, les marais, les rizières, il peut également se produire avec les boues issues du traitement des eaux usées des zones urbaines ou des déchets produits par les habitants, par l’industrie ou l’agriculture.
 
De plus en plus de stations d’épuration sont désormais équipées d’unités de méthanisation qui permettent d’aboutir à un mélange gazeux, le biogaz, permettant de produire des énergies totalement renouvelables et injectées dans les réseaux traditionnels.  De l’électricité à la production de chaleur, en passant par le « biométhane », dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique où l’on cherche des solutions locales pour produire des énergies vertes et innovantes, le biogaz a donc de l’avenir.
 
GRDF (Gaz Réseau Distribution France), le principal réseau de distribution du gaz naturel en France et en Europe, l’a bien compris. L’entreprise qui agit auprès des collectivités territoriale pour les conseiller en matière d’énergie et de transition énergétique, intègre désormais la notion de biométhane dans son argumentation. Plusieurs expériences contribuent désormais l’émergence de nouveaux projets d’injection entrant dans le champ de l’économie dite « circulaire », un concept économique qui s'inscrit dans le cadre du développement durable et qui s'inspire notamment des notions d'économie verte, d’économie de l'usage ou de l'économie de la fonctionnalité. Une gestion intelligente de l’énergie en quelque sorte.
 
À un produit fossile, souvent importé et émetteur de gaz à effet de serre, on substitue, dans le réseau, une énergie neutre et qui est produite et consommée localement.

 Des projets de méthaniseurs agricoles sont actuellement menés dans le Maine-et-Loire et dans d’autres régions de France, notamment en Vendée pour l’installation de point de distribution de GNV (Gaz naturel pour véhicules) a destination des flottes de bus et des bennes à ordure.  Une première station GNV, à destination des poids lourds, est installée depuis le premier semestre 2017 à Mortagne sur Sèvre (Vendée). « Rouler au GNV c’est réduire de 50% les émissions d’oxyde d’azote et de 95% les émissions de particules fines pour les poids lourds », précisait Jean-François Cerles, directeur territorial GRDF Pays de la Loire, lors du Vendée énergie tour 2017.
 
Des grands groupes énergétiques, à l’exemple de SUEZ, se sont également engouffrés dans la brèche saisissant l’opportunité de nouveaux profits. C’est le cas à Strasbourg où un projet pilote, Biovalsan, a été développé avec le soutien financier du programme LIFE5 de la Commission européenne pour la préservation de l’environnement. Pour Strasbourg, l’objectif était de devenir la première ville française à injecter du biométhane issu de station d’épuration dans le réseau urbain de gaz naturel. « À un produit fossile, souvent importé et émetteur de gaz à effet de serre, on substitue, dans le réseau, une énergie neutre et qui est produite et consommée localement », explique Gilles Bideux, responsable du pôle énergie au sein de la direction de l’ingénierie environnementale de SUEZ.
 
Nul doute que les collectivités toujours à la recherche d’économies voient dans le biogaz un levier pour développer une énergie locale renouvelable. Elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à ce nouveau cycle de production circulaire qui permet aussi de répondre à l’enjeu d’une mobilité propre et durable.
 
Et demain ? D’ici à 2030 en France, boues, déchets et effluents d’élevages agricoles représenteraient un gisement global destiné à la méthanisation qui permettrait de produire 56 térawatt/heures d’énergie primaire par an. Soit 560 fois plus qu’aujourd’hui. Pour l’électricité, la puissance installée atteindra 625 mégawatts en 2020, ce qui représente plus du double de l’objectif initial. Du côté du gaz, en tout cas, la transition énergétique semble engagée et nul ne s’en plaindra, tout au moins pour l’instant. Car si le gaz est moins polluant, il émet tout de même de l’oxyde d’azote et des particules fines, en quantité moindre, mais le peu reste de trop pour un environnement de plus en plus fragilisé. 





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