Le coliving : un concept qui étend l’économie collaborative à l’habitat


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Vendredi 26 Février 2021 à 14:24

Concept immobilier qui allie espaces privés et espaces partagés, couplés à des services technologiques mais pas seulement, « le coliving » commence à s’installer en France et pas seulement en zone urbaine. En Maine-et-Loire, Constance Nebbula, conseillère municipale et communautaire d’Angers et sa métropole, en charge de la transition numérique, mais aussi présidente d’Angers Technopole, installe un coliving en zone rurale, pour ceux qui veulent se mettre au vert.


L'ancien presbytère du Breil (49) qui va devenir la Villa Brolium. Un exemple a suivre pour revitaliser les territoires ruraux (photos Constance Nebbula)
Après la colocation, très prisée par les étudiants, l'habitat participatif et les espaces de coworking utilisé par les jeunes entrepreneurs en phase de lancement de leur entreprise, un nouveau concept d'habitation est en train de se développer : « le coliving »
 
Un nouvel anglicisme pour définir ce qui n’est qu’en fait qu’un « moyen de disposer d’espaces pour se loger et travailler qu’on ne pourrait pas se permettre d’avoir si l’on vivait seul », explique l’architecte Stéphanie Morio, auteure de l’étude « Homy – Coliving, cohabiter  ». Mais ce nouveau concept qui étend l’économie collaborative au domaine de l’habitat va plus loin et c’est ce qui en fait son originalité :  il permet d’adapter le lieu de vie à la demande des personnes qui y vivent, avec des services technologiques pour travailler, mais aussi un jardin, une serre connectée, des ruches, ... comme à la Casa Verte  à Créteil (Val de Marne), un coliving urbain lancé en 2019. 

 Partager un concept, des idées, dans un endroit calme et reposant, c’est ce qui a séduit la conseillère municipale et communautaire d’Angers, Présidente d’Angers Technopole : Constance Nebbula. Cette dernière qui vit en ville, mais aime bien se ressourcer à la campagne, à la montagne ou dans les forêts, a décidé de porter le concept en zone rurale, ne serait-ce que pour démontrer que ces nouvelles idées qui font fureur chez les millénials, ne sont pas réservées aux seuls urbains. 
 
« Que diriez-vous de vous installer dans une belle maison pleine de charme et de cachet, entièrement rénovée et meublée, entourée de 1000m2 de jardin, avec un potager, un atelier... dans un village propice au calme et à la balade, mais à seulement 5km des commerces et services ? Le tout avec un bail individuel, flexible et tout inclus ? lance Constance Nebbula sur son blog d’entrepreneuse, voyageuse et écolo : « la Planneuse  ».
 
Ce sont les confinements liés à la crise sanitaire en cours qui l’ont motivé à se lancer dans cette démarche pour le moins originale, d’autant plus quand l’on connait cette jeune femme à l’allure plus urbaine que rurale. Mais elle est aussi une adepte de la gestion écoresponsable des déchets (Zero Waste) et du développement durable.
 
Pour cette dernière il s’agissait donc, après cette année 2020 particulièrement difficile pour tout le monde, « de se poser des questions sur son entreprise et le sens que l'on donne à son activité professionnelle ». Et comme de plus en plus d’urbains elle en est arrivée à la conclusion que se rapprocher de la nature, pour trouver une meilleure qualité de vie, pouvait être un objectif de vie. D’autant qu’aujourd’hui, avec le développement de la fibre optique, du télétravail, de la visioconférence, « nous pouvons travailler de partout, alors pourquoi pas au vert ? » interroge-t-elle en introduction de la page qu’elle a consacré à son nouveau projet, sur son blog et sa page Facebook. 
 
 « Je veux sensibiliser, car si le coliving rural fonctionne et trouve son public, alors il est peut-être une belle solution pour rééquilibrer les activités sur le territoire ».

Pour cette première expérience de coliving, c’est dans le village du Breil, une commune de 274 habitants, située entre Angers et Tours, à 2h45 de Paris, dont la jeune édile et entrepreneuse a jeté son dévolu. Plus précisément dans l’ancien presbytère qui prend désormais le nom de « Villa Brolium », du romain « parc boisé », afin d’identifier rapidement l’environnement, favorable à la créativité, dans lequel pourront vivre et travailler les futurs occupants des lieux. D’autant que « là où la vie est plus calme, le travail est plus efficace », souligne la jeune femme.
 
Mais au-delà de cet amour pour la campagne, ses grands espaces, ses forêts boisés et ses chemins de randonnée qui offrent une qualité de vie certaine, la jeune femme veut démontrer que la campagne a des atouts, tout autant que la ville dans laquelle elle est élue. 
 
« Avec ce projet, je veux aussi envoyer un message à tous les investisseurs et les entrepreneurs qui sont de près ou de loin dans l'immobilier », s’enflamme Constance Nebbula. « Attirer les déçus de la ville, c'est une chose. Redynamiser des villages, des bourgs dépeuplés, des zones désertées... c'en est une autre. Et c'est aussi un objectif sur lequel je veux sensibiliser, car si le coliving rural fonctionne et trouve son public, alors il est peut-être une belle solution pour rééquilibrer les activités sur le territoire ».
 
Car elle en est convaincue, et les exemples ne manquent pas en France et en Europe, « on peut bien évidemment créer de l'activité économique à la campagne, y développer son projet, son entreprise, notamment grâce au télétravail, au déploiement de la fibre, des réseaux mobiles... Il y a 30 ans c'était impensable ».
 
Et pour se lancer, Constance Nebbula, s’appuie sur un modèle espagnol, celui de « Lagunal Del Villardon  », une ancienne ferme réhabilitée, située dans un village de 300 habitants, au milieu d'un patrimoine naturel privilégié et préservé. D’autant plus que c’est également une femme qui a lancé cette idée : Patricia Garcia, laquelle écrit dans un sujet de présentation du concept « el coliving es el futuro del mundo rural » (Le coliving est le futur du monde rural). Une évidence pour la conseillère communautaire d’Angers, qui rappelle que l’on retrouve des communautés d'entrepreneurs ruraux, des coworking ruraux, des incubateurs ruraux... en Italie et au Portugal (pays qu’elle connait bien).
 
Et de conclure : « l'idée de ces espaces, c'est de combler le fossé qui existe entre la ville et la campagne, en termes de logement et de condition de travail ». Une noble idée que l’on ne peut que saluer, puisqu’elle démontre qu’en matière de qualité de vie et d’équipement, les ruraux n’ont rien à envier à la ville, bien au contraire. Et il faudrait être fou pour s’en priver, les opportunités ne manquent pas dans les villages qui ont tendance à se désertifier. 
 
Pour en savoir plus et suivre l’avancement du projet : Le blog La Planneuse  et la page Facebook  Villa Brolium.






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