Les tiers-lieux face à la crise Covid-19 : une situation très difficile


le Mercredi 20 Mai 2020 à 07:44

Avec les imprimantes 3D dont ils disposent, les makers, fablabs et autres tiers-lieux solidaires se sont mobilisés, depuis le début de la crise sanitaire, pour apporter, bénévolement, une réponse technique aux soignants. Malgré l’obligation de fermeture et les difficultés économiques qu’ils rencontrent, comme bon nombre d’entreprises, les tiers-lieux et leurs communautés continuent d’assurer leur rôle d’acteurs essentiels du vivre ensemble et de la résilience territoriale.


Pendant la période de confinement, « France Tiers-Lieux  » l’association chargée, par le gouvernement, d'appuyer la structuration de la filière des tiers-lieux, a lancé une enquête auprès de 1 800 tiers-lieux pour déterminer l’impact de la pandémie sur leurs activités.  Elle dévoile les résultats, obtenus à partir des réponses de 230 tiers-lieux issus de toute la France.
 
Les tiers-lieux constitués comme de petites entreprises de l’écosystème numérique capable d’accueillir les jeunes pousses et tous ceux qui ont besoin d’être entourés, voire accompagnés, pour se lancer, sont touchés par la crise économique consécutive à la pandémie. « Leurs natures hybrides mêlant activités commerciales et activités à but non lucratif leur offrent peu d’autonomie financière », déclare France Tiers-lieux. « La fermeture dont ils ont fait l’objet, comme toutes les entreprises, les mettent dans une situation économique particulièrement difficile ».
 
Même si la plupart de ces lieux de rencontre et d’échange, pourront bénéficier des mesures mises en place par le gouvernement, « 80% des tiers-lieux font état d’un risque réel de fermeture à court et moyen terme », alerte France Tiers-lieux. La perte globale de chiffre d’affaire de ces établissement solidaires est estimée à 111, 5 millions d’Euros pour l’année 2020, pour les 1800 tiers-lieux installés sur le territoire. Difficile, donc, d’y survivre. 
 
Et pourtant, malgré ces difficultés économiques, les tiers lieux ne se sont pas arrêtés pour autant. Ils ont mobilisé leur communauté pour apporter des réponse concrètes à la pandémie. Aux côtés des soignants pour lesquels ils ont fabriqués des éléments de protection ou des pièces pour des réparateurs artisanaux, du matériel d’urgence médicale, mais pas seulement, les Makers et autres Fablabs ont fait naitre un formidable élan de solidarité dans toute la France.  
 
« 9 tiers-lieux sur 10 se sont mobilisés dans des actions de solidarités : continuité pédagogique, solidarité numérique, aides aux personnes âgées, relais alimentaires… », rappelle France Tiers-Lieux. « Partout, ils démontrent leur capacité à fournir des solutions concrètes, pour venir en aide à ceux qui sont en première ligne ».
 
Pendant cette crise, le mouvement Maker a initié un mouvement national de fabrication citoyenne de fabrication de matériel sanitaire de première urgence, lequel manquait aux personnels de santé, le plus souvent démunis face à l’arrivée exponentielle de personnes touchées par le Covid-19. Véritables espaces ressources, les tiers lieux ont démontré qui existe, partout en France, des citoyens capables de s’adapter à l’urgence, de s’organiser et surtout faire preuve d’une grande solidarité. 

Un fonds de soutien pour les tiers-lieux en difficulté

Sur les 400 tiers-lieux et 30 000 makers, qui ont fabriqué du matériel médical en urgence pour les soignants, on dénombre 500 000 pièces, visières, masques, valves, pousse-seringues, prototype de respirateurs low-tech … fabriquées par semaine, soit depuis le début de la crise, plus de 4 millions d’unités.
 
« Ces initiatives mettent en lumière un mouvement profond, loin des débats d’idées : c’est un engagement nouveau et concret que révèle la crise, un engagement qui passe par le faire et l’action, » explique Patrick Levy-Waitz, président de France Tiers-Lieux.
 
Pour aider ces espaces de solidarité en grande difficulté, France Tiers-Lieux lance, avec la Fondation de France, un fonds de soutien d’urgence « Makers contre le Covid-19 » à destination de ceux qui apportent des solutions concrètes par le prototypage, la fabrication et la distribution de matériel médical.
 
« En cette période exceptionnelle, France Tiers-Lieux doit, plus que jamais, être au service des tiers-lieux et de leurs communautés », poursuit Patrick Levy-Waitz.
 
D’autant plus nécessaire que depuis deux mois, tiers-lieux et makers agissent bénévolement, bénéficiant parfois de quelques dons et générosités locales, au risque de l’épuisement. Le Fonds d’urgence « Makers contre le Covid-19 » permettra de lever les menaces économiques qui pèsent sur les tiers-lieux et de faciliter l’action des collectifs de makers afin qu’ils puissent consacrer leur énergie à ce qui est le plus utile aujourd’hui : prototyper, fabriquer et organiser la distribution de matériel médical en urgence. 
 
Parce que le mouvement de fabrication citoyenne dépasse les tiers-lieux, qui en sont des catalyseurs et des espaces ressources, le fonds est ouvert aux collectifs de makers et associations de citoyens fabriquant du matériel médical.
 
Pour participer à ce fonds de soutien cliquez ICI

Dernière minute : Quand la solidarité devient illégale - Des fabricants de visières gratuites forcés d'arrêter suite à une décision gouvernementale.
 
Selon un article du Courrier de l’Ouest, en date du 17 mai, l’impression bénévole de visières grâce aux imprimantes 3D des Makers serrait devenue illégale. L’entraide a ses limites pour la Direction Générale du Travail (DGT) et la Direction Générales des Entreprises (DGT) qui ont précisé les conditions d’évaluation de la conformité requises pour les visières de protection destinées à la lutte contre le Covid-19. « Le don ou la vente à prix coûtant d’une visière peuvent être requalifiés en concurrence déloyale. La réalisation d’une visière gratuitement, même par un bénévole, peut être requalifiée en travail déguisé », précise le quotidien.  A cela s’ajoute la fermeture du site https://www.covid3d.fr, qui permettait de mettre en lien les personnes manipulant une imprimante 3d avec des fournisseurs de matière première et des personnes ayant besoin de matériel de protection. Mais les choses seraient en train de s'arranger selon le Maker interviewé par le Courrier de l'Ouest. 




 





              

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