Les villes intelligentes ne doivent pas être ennuyantes mais réactives


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Jeudi 2 Novembre 2017 à 11:07

Se définissant comme un « technologue urbain », Colin O'Donnell, est le directeur de l'innovation d' « Intersection », un cabinet d’expertise new-yorkais qui se positionne à l'avant-garde de la révolution des Smart Cities. Il considère que la plupart des villes dites intelligentes ou qui se définissent comme telles aujourd’hui, sont ennuyantes. Il plaide pour des villes réactives.


En tant que technologue urbain, on me demande souvent de donner un exemple d'application de vraie ville intelligente » déclare Colin O'Donnell, le directeur de l'innovation d' « Intersection ». « Pour être honnête, je n’en ai pas vraiment trouvé. Les villes deviennent peut-être plus intelligentes, mais du point de vue de l’utilisateur, elles n'ont pas changé de manière significative ».
 
Admettant qu’il est important que les gestionnaires de la ville puissent mieux identifier les fuites d'eau, ou prédire avec plus de précision la probabilité qu'un bâtiment rencontre un problème sérieux, Colin O'Donnell affirme que pour l’instant «  il n’y a pas de bénéfice direct et personnel pour les citadins ».  Et de poursuivre : « la plupart des progrès numériques dans les villes ont été invisibles et axés sur les opérations de la ville, plutôt que sur les parties de la ville que les gens peuvent voir, toucher et utiliser. Il est donc compréhensible que certaines personnes estiment qu'il n'y a pas eu beaucoup de progrès ».
 
Devenues ennuyeuses, les villes dites intelligentes ne séduisent pas vraiment les citadins avec leurs applications et services digitaux censés transformer le monde et donner un avenir plus serein à une ville qui ne serait pas qu’une cité dortoir, sécurisée, disposant de services automatisés, économe en matière d’énergie, offrant des réseaux de transports fiables et respectueux de l’environnement. « Les villes intelligentes ne sont qu'un moyen de parvenir à une fin,  une étape sur la route vers des villes véritablement numériques », appuie Colin O'Donnell
 
« Soit », poursuit le technologue urbain. « Afin d'évoluer vers une cité qui  utilise pleinement le potentiel d'Internet, offrant des avantages réels et tangibles à ses habitants, les villes devront passer par trois phases indispensables ». Premièrement elles doivent commencer par collecter des données sur leur environnement. Ensuite, elles doivent traiter ces données, et enfin, elles devront  prendre des mesures correspondantes en temps réel.  Pragmatique, Colin O'Donnell propose un raccourci : « les gestionnaires de ville doivent  voir, penser et faire ». Ce qu’il décline ensuite dans sa contribution

1 – Voir : la ville équipée

Depuis maintenant deux décennies, les citadins vivent dans villes bardées de capteurs en tous genres. De la porte d'entrée du  bureau, au quai de la gare, en passant par les feux de circulation au coin de la rue, partout des capteurs. Toutes ces données constituent une base pour le futur du développement urbain, et c'est la base de tout futur développement urbain. « Pour changer quelque chose, vous devez d'abord pouvoir le mesurer », note Colin O'Donnell .

2 – Penser : l’intelligence de la ville

« Alors, que faisons-nous avec ces données ? »  Questionne Colin O'Donnell.  Dans Smart City, les informations proviennent des données générées par les instruments qui, grâce à des algorithmes permettent non seulement de comprendre ces mesures mais aussi pourquoi c'est important.
 
Les gestionnaires peuvent alors commencer à établir des corrélations et définir des causalités afin de créer de créer des modèles prédictifs permettant de tester le comportement humain. « Mieux comprendre comment les choses se sont déroulées  et comment un changement pourrait affecter le comportement humain ».

3 - Faire : la ville sensible

« C’est là que les choses deviennent intéressantes », souligne Colin O'Donnell. « Quand les modifications  commencent à se produire, et où les gens remarquent et ressentent la différence ».
 
La ville sensible est donc celle qui répond aux besoins, désirs et désirs de ses citoyens, qu'ils soient travailleurs, résidents ou visiteurs, le tout en temps réel et riche en applications. S’appuyant sur les données fournies par les instruments, la ville sensible apparaît comme une surcouche au matériel, aux données et aux services de base dans laquelle les applications sont axées sur la manipulation de l’infrastructure ou l’influence du comportement afin d’influencer dynamiquement la ville. Que ce soit au niveau de la sécurité, de la  commodité, de l’efficacité, mais aussi de la découverte, de la  joie, ou de l’esprit communautaire, tout cela contribue à rendre des villes plus intéressantes puisqu’elles engagent les  citoyens de divers horizons, lesquels partagent un espace commun dans le temps.
 
« Tout cela repose sur une infrastructure numérique et  contrôlable », poursuit Colin O'Donnell.  « Prenons l’exemple d’Uber dont les voitures connectées se prépositionnent en anticipant les besoins en matière de transports ».
 
Aujourd’hui, les villes sont prêtes pour cette transformation. Avec l'infrastructure numérique, l'automatisation et l'apprentissage automatique, il est possible de répondre de manière prédictive aux demandes et d'optimiser les résultats pour des millions de personnes à la fois. « Aujourd'hui, nous avons une énorme opportunité pour les gestionnaires de la ville, les activistes sociaux et les entrepreneurs de créer de nouvelles opportunités économiques, de remodeler les comportements et de réaffecter nos ressources pour redéfinir véritablement la ville moderne », confirme Colin O’Donnel.
 
Pour ouvrir la voie à des villes réceptives efficaces, les villes doivent être partenaire sur des ressources, de l'accès et des résultats. Les gestionnaires municipaux doivent identifier les ressources inexploitées ou les infrastructures qui ont besoin d'être réinventées, puis faciliter la collaboration et la collaboration avec le secteur privé.
 
Une ville réactive est le reflet des humains en elle. Elle doit donc comprendre des groupes de personnes et influencer leurs comportements, c’est à dire comment elles réagissent aux changements en temps réel dans leur environnement.
 
Enfin, une ville réactive doit rester en constante évolution. Pour cela il semble opportun de se concentrer sur une infrastructure numérique dynamique en temps réel qui peut changer au fur et à mesure que les gens et les villes changent.
 
Pour en savoir plus : https://techcrunch.com





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