Smart Buildings Alliance for Smart Cities : de l’hôpital numérique au Smart Hospital


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Vendredi 14 Aout 2020 à 08:57

Expérience des patients, amélioration de la qualité de vie au travail pour les soignants, facilité d’accès aux soins, optimisation des coûts de fonctionnement des établissements, prévention ou encore accompagnement du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques sont les enjeux de l’hôpital de demain. Avec la transformation numérique et l’adaptation de près de 70 millions de m2 de bâtiments, un chantier majeur et prioritaire s’ouvre dans notre pays, selon la Smart Buildings Alliance for Smart Cities.


Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, les services digitaux apportés par les centres hospitaliers ont montré leur efficacité. Mais il reste beaucoup à faire... (Photo Adobe Stock)
La crise sanitaire a joué un rôle de véritable catalyseur pour le digital à l’hôpital : téléconsultations, formation, prévention, télétravail... « Les technologies existaient déjà, mais certains usages peinaient à se déployer », explique dans un communiqué la Smart Buildings Alliance, association tête de pont du Smart Building et de la Smart City en France. « De même, si le département des ressources humaines dans les hôpitaux était déjà utilisateur du numérique, la crise a définitivement souligné son caractère essentiel ». 
 
A ce jour, comme le souligne le SBA, « les démarches de numérisation de l’hôpital sont très souvent centrées sur le dossier patient et la production de soins ». Elles exploitent trop peu le potentiel de la mutualisation des usages et des interactions avec les données produites par le bâtiment, qui abrite l’activité hospitalière. Pour libérer ce potentiel du numérique, une vision holistique est indispensable. La « Commission Smart Hospital » de la SBA  se propose, au travers d’outils conçus pour accompagner cette démarche, d’en apercevoir les faisabilités et les bénéfices.

Les bénéfices apportés par le Smart Hospital

Le Smart Hospital (Hôpital intelligent) devrait permettre, selon ses initiateurs, une meilleure prise en charge des personnes hospitalisées. La digitalisation du dossier patient permet une continuité des soins et des parcours, une meilleure qualité et sécurité des soins, l’optimisation des actes, de meilleurs outils de prévention, une recherche biomédicale plus rapide, etc. 
 
Le Smart Hospital vise également à améliorer la qualité de vie au travail (QVT), tant par la qualité environnementale des bâtiments, que par les moyens mis à la disposition du personnel médical et de la reconnaissance qu’ils sont susceptibles de retirer de leur travail. La digitalisation améliore notamment la gestion des flux logistiques, et optimise la transmission d’informations.
 
Enfin, le Smart Hospital augmente le potentiel de mutabilité du bâtiment. Les hôpitaux sont concernés par la loi ÉLAN, et par ses exigences d’efficacité énergétique. Cette loi offre aux établissements de santé l’opportunité de diminuer leurs dépenses et de moderniser les 70 millions de m2 existants d’activités médicales, avec de nombreux bénéfices additionnels, comme la réduction de la pénibilité du travail, l’amélioration de la qualité hôtelière et la baisse des déchets. En cas de conception d’un nouveau bâtiment, l’approche Smart offre une plus grande flexibilité des espaces, qui pourront notamment être adaptés en fonction des évolutions thérapeutiques.

L’impact du numérique sur les bâtiments et les organisations du secteur hospitaliers

Comme dans beaucoup de secteurs, le déploiement de solutions numériques aura un impact, non seulement sur l’infrastructure et les équipements existants, mais aussi sur l’organisation de l’hôpital. Pour pouvoir porter ses fruits, le déploiement d’une stratégie Smart Hospital sera optimal dans les établissements dans lesquels les solutions numériques auront été prises en compte très tôt au cours de la programmation des usages et activités, avec un accompagnement à la transformation, y compris organisationnelle. « Cette recommandation s’applique aussi bien dans le cadre d’une construction neuve que dans un programme de rénovation », poursuit la SBA.
 
Toutefois des points de vigilances sont à prendre en compte, dont le respect des règles de la RGPD et des données à caractères personnelles, ou encore sur la maitrise des cyberrisques. En 2019 en France, près de 400 incidents ont en effet été signalés, et en 2017, des dizaines d’hôpitaux de Grande-Bretagne ont été paralysés par un virus. Il est particulièrement vital de prendre en compte les contraintes liées à la cybersécurité dans un environnement de santé. Le référentiel R2S (Ready2Services) prévoit un socle de sécurité numérique, visant à maitriser les cyberrisques dans le Smart Building tout en garantisant la confiance numérique grâce à l’ouverture et l’interopérabilité des solutions digitales. « Des points essentiels dans le domaine hospitalier ». 

Une « matrice servicielle » pour aider les décideurs dans la mise en œuvre de leur projet

Pour répondre aux spécificités de l’écosystème hospitalier, plus comparable aux contraintes d’un site industriel que tertiaire en matière de process et des machines spécifiques à ce secteur, la Commission Smart Hospital, fédérée au sein de la SBA, a conçu un outil sectoriel dédié : il s’agit d’une « matrice servicielle » qui recense l’ensemble des acteurs et des usagers de l’hôpital ainsi que leurs besoins, classés par catégories, auxquels correspondent des usages spécifiques. 
 
L’outil, collaboratif, est conçu pour servir de base d’échange et de réflexion dès le début d’un projet de rénovation ou de construction en vue d’aider les décideurs, conducteurs d’opérations et ingénieurs chefs de projet depuis la conception jusqu’à la réalisation de leur projet d’hôpital intelligent. Ainsi l’équipe du projet hospitalier s’assure que le projet reflète bien les attendus stratégiques de l’établissement. Les acteurs de la construction hospitalière pourront y faire correspondre une offre de services, déployable à partir de solutions ou de famille de solutions technologiques et numériques adéquates, avec pour objectif la mise en place d’un label (R2S for Care) pour l’hôpital de demain.
 
 « En définissant les prérequis en termes techniques, d’infrastructures et de services, ce cadre de référence a pour ambition d’aider les concepteurs et les ingénieurs à déployer la stratégie numérique dans l’établissement de santé », affirme la SBA. « Cette contribution trouvera toute sa pertinence dans les investissements en cours et à venir, pour mettre le numérique au service de la santé de tous, dans la dynamique portée par MaSanté 2022 et le Ségur de la santé ».





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