JO 2024 : L’environnement à la fête ?


Rédigé par le Samedi 27 Avril 2024 à 19:00

Sous les regards du monde entier pendant les quelques semaines de compétition, s’étalant du 26 juillet (cérémonie d’ouverture) au 8 septembre 2024 (cérémonie de clôture avec la fin des Jeux Paralympiques), la France aura la lourde tâche d’organiser les Jeux Olympiques, tout un symbole 100 ans après les derniers jeux d’été de 1924 à Paris. Jugés sur de nombreux aspects et notamment l’impact environnemental de l’évènement, ces Jeux se veulent “verts” et en adéquation avec leur temps. Alors, JO 2024, fête Mondiale ou désastre environnemental ?


Histoire de traditions

Evènement antique se déroulant tous les 4 ans, dont la cérémonie de la flame à Olympie en Grèce garde trace (allumage de la flame par un miroir concentrant les rayons du soleil, approbation de l’évènement par Apollon), les Jeux Olympiques dit “modernes” sont réhabilités en 1896 par le baron Pierre de Coubertin à Athènes. Se voulant un évènement rassemblant les Hommes, au delà des conflits, des idéologies, des différences, chaque édition des jeux Olympiques est le reflet d’une époque et de l’état géopolitique du monde (Jeux de Berlin en 1936, Jeux d’Helsinki en 1952 et l’entrée dans la guerre froide…).
Les récentes éditions se positionnent dans une ère de défi climatique. L’évènement se doit de considérer au plus haut point les maux actuels et chercher à réduire son impact sur l’environnement. Le défi est immense.
Voici quelques chiffres qui démontrent le gigantisme et l’évolution à travers les éditions :
  • 43 épreuves en 1896, 329 en 2024.
  • 12 nations en 1896, 206 en 2024
  • 6.8 milliards en budget prévisionnel, 8.8 en budget réel -> jeux les moins chers du XXI
  • 15 millions de touristes attendus pour les JO 2024
  • Impact de l’évènement : 1.58 millions de tonne de CO2
C’est sur ce dernier chiffre que nous allons nous arrêter.

D’où sort ce chiffre ?

Initialement, les organisateurs des Jeux Olympiques et paralympiques 2024 souhaitaient créer une rupture dans la façon d’organiser des événements à portée mondiale, en visant une “contribution positive sur le climat”.

Revoyant leurs positions, le chiffre de 1.58 millions de tonnes équivalent CO2 a été annoncé. Paris se positionnerait alors comme l’édition la plus vertueuse pour l’environnement, devant Tokyo (2021, 1.96 millions en pleine pandémie), Londres et Rio (2012 & 2016, 3.5 millions).

Cependant ces chiffres interrogent car aucun rapport détaillé n’a pour l’heure été divulgué. Si la mise en place de la méthodologie du Bilan Carbone est fortement probable, seuls les grands postes d’émissions sont discernables :
  • 25% Déplacement des spectateurs
  • 25% Construction permanente
  • 25 % divers (restauration, hôtellerie …)
  • 9% Déplacement des athlètes et officiels
  • 8% Infrastructures temporaires
  • 7% technologie
La majorité des experts sont dans l’attente de détails méthodologiques pour valider le chiffre annoncé ou au contraire, contester des failles dans l’exercice de comptabilité, bénéficiant à un coup de com politique.

Comment l’organisation a-t-elle réussi à réduire son impact ?

  • 95% des infrastructures sont déjà existantes. Le seul équipement sportif construit de façon pérenne est le centre aquatique. Des matériaux à faible impact, comme le bois, ont été privilégiés pour la structure du bâtiment.
  • 60% des repas seront végétariens.
  • Constructions temporaires avec des matériaux biosourcés.

Evenement à contribution positive sur climat : Illusoire ou ambitieux ?

Malgré une prise de conscience à l’échelle mondiale, aucun évènement n’a réussi cette performance. Les deux enjeux sont pourtant clairement identifiés :
  • Minimiser son impact direct (gestion des déchets, mobilité durable, utilisation d’infrastructure existantes, alimentation…)
  • Imposer des mesures de compensation carbone (désartificialisation de zones urbaines, reforestation, absorption carbone ou CCS ( Carbon capture and storage) mais la technologie n’est pas encore assez mature aujourd’hui).
Symbole de paix entre les sociétés humaines par excellence, les Jeux Olympiques pourraient également servir de modèle en terme de réduction de l'empreinte écologique et de paix avec notre belle planète bleue. 

Loin d'être éco-pessimiste, le changement pérenne ne pourra être effectif que par adhésion sociale massive, renversement du paradigme monétaire dans les entreprises et par un développement scientifique conséquent. 
 
"Or, la science n'est pas une entreprise qui se situe sur quelque plan moral ou spirituel supérieur, au-dessus du reste de l'activité humaine. Comme toutes les autres parties de notre culture, elle est façonnée par des intérêts économiques, politiques ou religieux."    SAPIENS de Yuval Noah Harari

1.58 millions de tonnes de CO2, ça représente quoi ?




Nicolas COFFIN
Ingénieur de formation et passionné des questions & enjeux autour de l'environnement, j'ai le... En savoir plus sur cet auteur


              

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