Avant déploiement, Nantes et sa métropole lancent un débat public sur la 5G


le Mercredi 9 Décembre 2020 à 10:42

Alors que le déploiement du réseau hertzien de dernière génération 5G démarre et inquiète un nombre croissant de français, la ville de Nantes (44) choisit d’organiser un débat local sur le sujet avant toute intervention des opérateurs de télécommunication. Une approche qui va dans le sens d’une gouvernance citoyenne assumée pour la ville des Ducs de Bretagne.


Les antennes relais 5 G, plus nombreuses que les précédentes, pour assurer une couverture optimum, vont commencer à fleurir dans les villes (Photo Pixabay)
Les antennes relais 5 G, plus nombreuses que les précédentes, pour assurer une couverture optimum, vont commencer à fleurir dans les villes (Photo Pixabay)
En tant que Maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole, ma conviction est assez simple : j’ai toujours considéré que le numérique est un moyen. La fin, c’est la société que l’on veut construire, sans jamais perdre de vue ma principale préoccupation : comment accompagner le progrès technologique en garantissant les conditions du progrès social et écologique », déclare Johanna Rolland. « La 5G comme d’autres technologies déployées à grande échelle, relève d’un choix de société qui devrait être discuté démocratiquement, le plus en amont possible du projet. A Nantes nous avons décidé d’un moratoire le temps du débat public ». L'Etat et les opérateurs devront donc respecter ce moratoire sur le territoire Nantais, le temps du débat.
 
Si la métropole de Nantes est loin d’être en retard dans l’installation des nouvelles technologies, en accueillant et accompagnant un nombre important d’entreprises de la filière technologiques, lesquels attendent avec impatience le déploiement de ce nouveau réseau hertzien, nul doute que la position des élus locaux, va conforter le choix des citoyens nantais de décider, collectivement, de l’avenir de leur ville. 
 
Un choix qui devrait certainement faire école. D’autant que la 5G et son utilisation interrogent et inquiètent bon nombre de citoyens qui, s’ils sont intéressés, souhaitent en mesurer tous les enjeux, y compris pour leur santé, avant d’accepter que l’État et les collectivités puissent autoriser les opérateurs à déployer leurs installations selon le calendrier initialement prévu. Agir de la sorte, va dans le sens d’un ville plus humaine et plus résiliente, le principe même de la « smart city » citoyenne. On ne va donc pas s’en plaindre.
 
Au-delà des promesses technologiques de ce nouveau réseau, nul doute que cette innovation est à l’origine de vives controverses dans plusieurs domaines : santé, aménagement territorial, environnement. Quels nouveaux services pourront être déployés grâce à ce réseau et en quoi sont déploiement impacte les nouveaux usages digitaux ? Autant de question que se posent les usagers qu’ils soient simples utilisateurs de services ou entreprise technologique. A ce stade il apparait donc justifié que les politiques territoriaux s’en saisissent en y associant le plus largement possible ceux qui résident sur le territoire qu’ils gèrent.
 
« L’enjeu de ce débat est de se dire collectivement : « plus jamais ça »

 « Ce débat que nous voulons sans tabou et qui va associer tous les acteurs, permettra d’aller plus loin dans la compréhension de cette offre technologique », poursuit Julie Laemoes, seconde adjointe chargée de la prospective et de la résilience. Un exercice de style, de plus en plus pratiqué, « un plus pour les citoyens et consommateurs que de poser un tel cadre, attentif et intelligent, en amont du déploiement d’une technologie, la question de ses usages et de son impact sur le modèle de société que nous voulons ». 
 
Des propos rassurants, complétés par Franchy Trichet, élu en charge de l’innovation et du numérique pour lequel « l’enjeu de ce débat est de se dire collectivement : « plus jamais ça ». L’aménagement numérique des territoires doit être anticipé et concerté, pour ne pas être subi.
 
Alors que d’autres villes de la Région des Pays de la Loire n’ont pas demandé l’avis des habitants pour autoriser le déploiement de ce réseau très contesté, la collectivité nantaise est bien décidée à prendre le temps qu’il faudra. 
 
Ce débat sera organisé en deux étapes : une mission préparatoire confiée à un groupe de travail composé d’une vingtaine d’acteurs locaux (associations, acteurs économiques, institutions) et garanti par un tiers de confiance, la « Fing », une structure qui garantit, selon la mairie, la neutralité du débat. Et comme il s’agit de ne pas prendre trop de retard, tout de même, cette première étape démarre dès ce 10 décembre. 
 
La seconde phase, c’est-à-dire le débat citoyen local démarrera en février 2021, après que le groupe de travail en aura déterminé le périmètre. 
 
Le sujet est complexe et promet quelques belles empoignades, mais c’est le prix à payer pour éviter d’éventuels retours de bâton, étant entendu que tous les sujets devront être abordés en totale transparence. Car cette main tendue aux citoyens pour qu’ils puissent s’exprimer sur ce sujet très controversé, pourrait se retrouvée bloquer si d’aventure ceux qui ont initié ce débat s’en servaient pour avaliser un projet de déploiement conclut à l’avance. C’est tout l’enjeu de ce type de débat, et sur ce sujet la commission chargée de le préparer devra tout prendre en compte, car en cas de défaillance, le remède pourrait faire plus de mal que de bien. 
 
Les choix de prendre ou pas certains aspects du débat devront être analysés en amont et clairement expliqués, sous peine de voir ce débat s’éterniser et faire prendre à la métropole nantaise par rapport à d’autres villes, pas si éloignées qui ont déjà autorisé le déploiement de ce réseau dont on nous promet, à tort ou raison, bien des avantages. 





              


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