Il n’y a rien de plus intelligent et de plus durable qu’une ville


Rédigé par Luc BELOT le Samedi 20 Mai 2017 à 10:47

En 2016, le parlementaire angevin, Luc Belot, est chargé par le Premier ministre français d’une réflexion sur « l’avenir de la ville intelligente en France ». Un vaste sujet sur lequel se penchent un nombre croissant de collectivités. Cette mission parlementaire a conduit à la rédaction d’un imposant rapport, intéressant à plus d’un titre, dont nous allons publier chaque semaine un extrait sous forme d’une tribune ayant pour objectif de faire prendre conscience des enjeux en la matière.


Singapour (Malaisie) une ville référence en matière de Smart City (photo LDD Pixabay)
Singapour (Malaisie) une ville référence en matière de Smart City (photo LDD Pixabay)
Il ne faut pas juste que les villes soient intelligentes, il faut qu'elles stimulent l'intelligence des citoyens » a dit François Hollande, alors Président de la République Française, lors du Forum Innovation de Singapour en mars 2017.
 
Alors, aborder un sujet aussi large que celui de la smart city commence souvent par essayer de trouver une définition. La littérature spécialisée n’en manque pas, et l’exercice est d’autant plus souvent tenté que la traduction française « ville intelligente » semble encore plus restrictive et techno-centrée, très éloignée de la diversité des sujets concernés, des solutions envisagées, des outils disponibles. Bien plus inquiétant encore, cette traduction semble écarter encore plus la place essentielle des femmes et des hommes, des citoyens qui ne sont pas juste des clients ou des usagers.

Parler de « smart » et de « city » relève plus d’un pléonasme que d’une quelconque forme de modernité du propos, même anglicisé, tant les territoires n’ont pas attendu le concept marketing de « Smarter City » pour être intelligents et durables.
 
Nous pourrions tout autant parler de « territoire d’intelligenceS » :  « Territoires » d’abord, car cela ne concerne pas que l’espace géographique des villes centre, mais souvent de toute leur aire urbaine. Aussi car il n’y a pas que les villes « monde » et autres mégalopoles qui engagent des réflexions et construisent des projets smart. De nombreux élus de territoires ruraux ou de petites communes engagent ces démarches avec beaucoup de pertinence comme l’a expliqué Cédric Verpeaux dans son rapport Smart city vs Stupid village ; « IntelligenceS », ensuite car comme l’évoque souvent Jean Rottner, maire de Mulhouse, la smart city c’est d’abord faire vivre toutes les intelligences locales, de la collectivité aux citoyens, des associations aux entreprises, des partenaires institutionnels aux collectifs informels.
 
Si le sujet est devenu de plus en plus présent ces dernières années, c’est très largement dû à l’accélération de la rencontre entre pratiques nouvelles, enjeux vitaux et innovations technologiques.
« Notre pays dispose d’atouts indéniables. Nos territoires sont forts, dotés de compétences claires et affirmées, notamment au niveau intercommunal et régional. » 
Les défis du XXIème siècle, en ce qu’ils sont plus globaux, s’imposent avec plus de force et plus d’urgence. Selon l’ONU, les villes accueilleront 66% de l’humanité en 2050, la résilience et les changements climatiques imposent de modifier non seulement nos modes de vie, de faire, de penser, d’agir. Enfin, l’exigence démocratique implique de repenser les outils de la citoyenneté avec et par le numérique.
 
Parallèlement à ces défis, les progrès technologiques s’accélèrent. La connectivité s’accroît avec de nouveaux réseaux (4 et 5 G, fibre…) et de nouveaux outils (smartphones, objets connectés…), l’intelligence artificielle se développe et les services sont rendus plus simples et plus accessibles par leur « plateformisation ».
 
Mais les dérives potentielles ne sont pas nulles : déshumanisation ou privatisation de la ville, choix de vie algorithmés ne laissant plus de place à l’esprit critique, à l’étonnement, à l’interrogation, à l’émerveillement. Ces dérives potentielles renforcent la défiance des citoyens dans les technologies et l’usage des données, en particulier personnelles. Il faut donc s’assurer que le numérique reste un outil au service d’une politique publique pour lever ces inquiétudes, et permettre l’entrée de la France dans l’ère de la ville de demain.
 
Surtout notre pays dispose d’atouts indéniables. Nos territoires sont forts, dotés de compétences claires et affirmées, notamment au niveau intercommunal et régional. Ils pourront donc s’appuyer sur les compétences qui existent déjà dans notre tissu d’entreprises (grands groupes, PME, start-ups) et sur l’appétence des citoyens, des décideurs publics et privés à s’engager quand les enjeux concernent l’amélioration de leur vie quotidienne et la qualité des services.


Prochaine tribune, samedi 27 mai : «  La technologie est un esclave utile mais un maître dangereux ». 

 

Il n’y a rien de plus intelligent et de plus durable qu’une ville
LUC BELOT, auteur du rapport De la Smart City au Territoire d’Intelligence[s], remis au Premier ministre Bernard Cazeneuve, le 18 avril 2017, est député de la 1ère circonscription de Maine-et-Loire. Entre 2015 et 2016, il fut rapporteur du projet de loi pour « une République numérique » et du projet de transposition de directive sur la gratuité, les modalités et la réutilisation des informations du secteur public, dite directive PSI (Public sector information).

Son intérêt pour le numérique, de longue date, s’inscrit également dans des actions locales et notamment lorsqu’il était adjoint à l’éducation de la ville d’Angers, en menant une expérimentation sur la réorganisation des rythmes scolaires et en déployant 1300 tablettes dans les classes du primaire. Il est également l’un des artisans du cluster industriel La cité de l’objet connecté, à Angers,  issu du programme Nouvelle France Industrielle.





              


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