Issy-les-Moulineaux, la ville référence en matière de Smart City


le Mardi 26 Décembre 2017 à 11:18

Partie de loin, avec ses immenses friches industrielles et ses quartiers populaires aux longues barres d’après guerre, la ville d’Issy-les-Moulineaux située aux portes de Paris est devenue en 20 ans, grâce à la vision d’un maire, André Santini, l’une de villes de référence en matière de Smart City. Son secret : faire correspondre sa stratégie de développement aux usages des habitants.


Le fort numérique d’Issy-les-Moulineaux (photo Construction 21 France)
Le fort numérique d’Issy-les-Moulineaux (photo Construction 21 France)
Depuis 2007, la ville d’Issy-les-Moulineaux, commune de la première couronne de Paris de 2,3 km2 pour moins de 70 000 habitants, figure régulièrement au classement de « l’Intelligent Community Forum (ICF) », le think tank américain qui récompense les territoires développant des politiques numériques novatrices. « C’est d’ailleurs la seule ville française mentionnée », mentionne le Nouvel Economiste. Excusez du peu, Issy à même été classé dans le Top 7 en 2011. 

Pour André Santini, maire centriste d’Issy-les-Moulineaux depuis 37 ans, l’histoire n’est pas nouvelle. Dans un monde bousculé par internet et les technologies numérique, l’ancien ministre de la communication sous la cohabitation Miterrand-Chirac, n’a pas attendu qu’on vienne le voir pour lui proposer de remodeler sa ville et en faire l’une des plus attrayantes, tant pour les entreprises que pour les habitants. Partis de très loin, en vingt ans, les services municipaux ont su s’approprier les outils numériques qui arrivaient sur le marché et en faire un axe de développement prioritaire pour la ville.

Alors qu’Internet est annoncé comme un bulle à l’avenir très incertains, Issy-les-Moulineaux, alors en pleine reconstruction, se dote d’un de pilotage ayant pour mission d’identifier les axes de développement de la ville en tenant compte de sa proximité de la capitale, lieu de passage obligé pour tous ceux qui y travaillent, et de l’évolution du Grand Paris. Parmi ce comité de pilotage, Eric Légale, directeur de la société d’économie mixte « Issy Media », structure en charge de l’innovation numérique de la ville. « Si notre politique numérique a plus de 20 ans, on la doit à la vision très pragmatique du maire André Santini qui a su axer le développement de la ville sur l’attractivité. À la fois pour ses habitants, mais aussi pour le secteur privé », explique Eric Legale dans l'hebdomadaire économique. « Dès le milieu des années 90, on s’est donc intéressé de près à Internet et à ce que ça pouvait apporter à notre ville ».

Alors que la plupart des villes n’en sont qu’aux balbutiements en la matière, la ville se dote dès 1996, d’un portail internet à destination des entreprises. Dès lors Issy s’attache a moderniser ses services publics en les adaptant aux nouveaux usages, notamment en matière de mobilité, l’un des points clés de cette ville par laquelle transitent tous ceux qui travaille dans la capitale. « On ne s’est pas borné à s’intéresser aux sujets qui relevaient seulement de notre compétence, mais nous avons essayé de comprendre tout ce qui pouvait améliorer la vie quotidienne des gens et profiter au secteur privé » , poursuit Éric Legale. Issy sera d’ailleurs la première ville a tester le paiement du stationnement par smartphone.
 
« Il existe un vrai problème de mutualisation des expériences locales et de leur suivi »

Pour Eric Legale, le principe est toujours le même depuis 20 ans : innover, mais au préalable tester avec l’aide des habitants et des entreprises en embarquant tous les résidents vers les changements inévitable que procure la révolution digitale. « On a refusé le principe du grand appel d’offres au privé, qui consiste à dire aidez-nous à sortir de terre une ville numérique, c’est à dire a sortir des cathédrales sans fondations », poursuit le directeur d’Issy Media.

Partir des usages pour réussir a faire de la ville une Smart City, en y associant citoyens et entreprises, est de toute évidence le choix payant pour Issy-les-Moulineaux.  Ce choix s’est traduit par une augmentation et une pluralité de la démographie, mais aussi par l’implantation de sièges de grandes entreprises de la filière technologique avec notamment Microsoft et Cisco, en attendant l’arrivée, en 2020, du siège d’Orange qui s’installera  dans les 56.000 m² de l’immeuble « Bridge », propriété du promoteur Altarea-Cogedim et du Crédit Agricole Assurances. 

Se positionnant entre Paris, la grande ville voisine et le quartier de la Défense, la ville communique sur son dynamisme et sa créativité pour se différencier, avec notamment son évoquartier du « Fort d’Issy », véritable laboratoire de la gestion maitrisée de la consommation énergétique.

Si la ville se veut innovante avec une multiplication d’expérience concluantes dont d’autres villes s’emparent aujourd’hui pour accéder au niveau convoité de Smart City, reste qu’Issy qui semble mener son propre combat sur son territoire ne se saisit pas forcément des expériences des autres pour augmenter son avance dans le domaine. « On doit pouvoir savoir ce qui réussit à tel endroit, pour pouvoir ensuite le tester sur son territoire » argumente Eric Legale. « Il existe un vrai problème de mutualisation des expériences locales et de leur suivi ».

Désormais la ville s’appuie sur l’ouverture de ses données ( Big Data), qu’elle met à disposition sur un portail public. Reste à convaincre les acteurs privés de partager aussi leurs données en temps réel, ce qui n’est pas, pour l’instant chose aisée. « Il faut réussir à imposer notre vision de service public, tout en gardant cette synergie public/privé qui est dans l’ADN de notre politique numérique », conclut le directeur d’Issy Media, lequel comprend que les opérateurs privés ont pour objectif de rentabiliser leur investissement sans pour autant ouvrir la porte aux concurrents. Démarche difficile, mais Issy-les-Moulineaux qui se positionne désormais en précurseur espère bien arriver à ses fins en concrétisant la ville du futur où chacun qu’il soit service public, entreprise privée ou citoyen, avance de concert.

(source Le Nouvel Economiste)





              


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