La ville de demain doit prendre en compte le changement climatique


le Mardi 29 Mars 2022 à 14:46

3,3 milliards d’êtres humains seront exposés au changement climatique dans les prochaines années. Une alerte sans équivoque à la lecture du second rapport du GIEC, publié fin février. Que l’on soit élu d’une collectivité territoriale, professionnel de l’aménagement, ou simple citoyen, il est important de tenir compte des rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).


Chaque année, les catastrophes naturelles sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes. Il est temps d'agir... (photo d'illustration Pixabay)
Chaque année, les catastrophes naturelles sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes. Il est temps d'agir... (photo d'illustration Pixabay)
Avant d’aborder le second rapport du GIEC il semble opportun de rappeler qui est cette structure qui tire la sonnette d’alarme sur les aléas climatiques de notre planète et ses conséquences. 
 
Inutile de se voiler la face. En France et dans le monde, les climatosceptiques, c’est-à-dire ceux qui nient le réchauffement du climat et la part de l’homme sur ce dernier, sont encore nombreux. Et pourtant chaque année, cyclones, tempêtes, pluies torrentielles… tous en constante augmentation, tant en nombre qu’en intensité, sont là pour démontrer que le climat est en train de changer depuis le développement de l’ère industrielle, preuve s’il en est que l’homme en porte la responsabilité. Des hommes politiques, en passant par les dirigeants d’entreprises et les scientifiques, c’est-à-dire ceux qui sont censés imaginer ce que pourrait être l’avenir de notre planète terre, la liste est longue. Malheureusement.
 
Souvent contesté, notamment par les pseudos experts qui pullulent sur internet et plus particulièrement sur les réseaux sociaux, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), créé en 1988, n’est pas une association de personnes physiques. C’est une association de nations, dont les représentants, des scientifiques ayant une solide expérience du sujet, siègent en assemblées pour évaluer l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. Ce n’est donc pas un laboratoire de recherche sur l’évolution du climat, mais un organisme qui effectue une évaluation et une synthèse des travaux de recherche menés dans les laboratoires du monde entier. Et contrairement à une idée reçue, la transparence de ses travaux est totale. Il suffit de se rendre sur son site internet, pour tout savoir de ses travaux, de ses méthodes de sélection des auteurs, des documents de travail et des rapport approuvés.

 

L’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique

Alors, peut-on faire confiance au GIEC ? La réponse est bien sûr, oui, car cet organisme ne fait que la synthèse des connaissances scientifiques disponibles sur les différents sujets du changement climatique et les préconisations concordantes de scientifiques et experts du monde entier sur le sujet. 
 
Le premier rapport du GIEC, publié en août 2021, alors que bon nombre de personnes lézardaient sous un soleil généreux, trop peut-être, traitait de « la compréhension physique du système climatique et du changement climatique ». 
 
Alors que peu de gens semblaient se soucier de la modification climatique engagée sur notre planète, Valérie-Masson Delmotte, paléoclimatologue française, directrice de recherche au CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) et coprésidente du groupe nᵒ 1 du GIEC depuis 2015, déclarait lors de la présentation du premier rapport : 
« Nous aimerions que l’ensemble du rapport contribue à améliorer la connaissance du climat dans le monde entier, qu’il soit utilisé dans l’enseignement à l’échelle mondiale pour les adolescents et les étudiants, afin qu’ils puissent acquérir les dernières et meilleures connaissances disponibles. »Message entendu par certains, refusé en bloc par d’autres. Toujours les mêmes, ceux qui refusent de voir la réalité en face. 
 
Le nouveau rapport, le second sur trois, publié le 28 février, intègre davantage l’économie et les sciences sociales, et souligne de façon plus claire le rôle important de la justice sociale dans l’adaptation au changement climatique.

 

Le second rapport du GIEC en 4 points clés

1 - Près de la moitié de la population de la terre est particulièrement exposée au changement climatique
Le 2ème rapport du GIEC, établi à partir de 34 000 études scientifiques et rédigé par 270 spécialistes de 67 pays, est encore plus inquiétant que le précédent rapport, paru en 2014. Les conséquences du changement climatique sont désormais concrètes :  3,3 à 3,6 milliards de personnes, sur les 7,753 milliards que compte la terre, seront particulièrement exposées au changement climatique dans les années à venir et notamment celles qui n’ont pas accès aux services de santé, celles qui vivent dans une extrême pauvreté ou/et en insécurité alimentaires, les déplacées, celles qui ont faible taux d’alphabétisation, ou confrontés à l’absence d’infrastructures essentielles.   
 
« Avec un réchauffement climatique de 1,7 °C d’ici 2050, 17 à 40 millions de personnes pourraient migrer à l’intérieur de l’Afrique subsaharienne, ce chiffre passant à 56-86 millions pour 2,5 °C », note le rapport
 
2 - Si le réchauffement climatique dépasse 1,5 °C, les conséquences seront irréversibles
 
Les engagements pris par les différents pays du monde en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre laissent prévoir un réchauffement climatique compris entre 2,3 et 2,7 °C. Mais au-delà de 1,5 °C, le réchauffement climatique pourra avoir des impacts irréversibles, même si la tendance peut par la suite être inversée. De nombreuses populations et écosystèmes seront confrontés à des risques accrus, qui peuvent être si graves qu’ils ne permettront plus de s’adapter.
 
« À l’échelle mondiale, le pourcentage de la population exposée à un stress thermique mortel devrait passer de 30 % aujourd’hui à 48 % à 76 % d’ici la fin du siècle, selon les niveaux de réchauffement et l’emplacement », préviennent les scientifiques, précisant que « en Europe, le nombre de personnes exposées au stress thermique sera multiplié par deux ou trois à 3 °C par rapport au réchauffement de 1,5 °C ».
 
3 - L’adaptation doit aller de pair avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre
Si les mesures d’adaptation sont une des clés pour réduire les conséquences du changement climatique, « elles ne sont toutefois pas suffisantes, » alerte le GIEC, qui insiste sur l’importance de les coupler avec des réductions ambitieuses des émissions de gaz à effet de serre. « Avec un réchauffement accru, l’efficacité de nombreuses options d’adaptation diminue », expliquent les scientifiques.
 
Selon les scientifiques de nombreuses mesures pourraient permettre d’atténuer l’impact du changement climatique, par exemple la réorganisation des villes et des infrastructures pour permettre le stockage de l’eau. Renforcer la sécurité alimentaire, investir dans la santé, le bien-être et l’innovation, s’assurer de la productivité à long terme de la pêche et de l’agriculture éviterait des dépenses beaucoup plus importantes à l’avenir.
 
4 - L’importance et l’urgence du développement résilient au climat
 
Le rapport du GIEC insiste sur l’importance et l’urgence à œuvrer en faveur d’un monde résilient aux changements climatiques. Les scientifiques proposent pour cela un cadre de solutions nommé « développement résilient au climat », ou « Climate Resilient Development » en anglais.  Il s’agit d’un ensemble de mesures permettant de combiner les stratégies d’adaptation au changement climatique et les politiques de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, un concept qui doit être mis en application dès maintenant, d’autant que si le réchauffement dépasse 2° C il ne pourra plus être mis en œuvre dans certaines régions du monde. 
 
Les humains et les écosystèmes sont menacés par le réchauffement climatique, et surtout par une série de phénomènes comme la surconsommation, le recul de la biodiversité, la croissance démographique, l’urbanisation galopante, les inégalités et la pauvreté. Il s’agit donc d’apporter des réponses globales, prenant en compte ces différents enjeux de façon simultanée.
 
« En réduisant la pauvreté et la faim, en améliorant la santé et les moyens de subsistance, en fournissant à davantage de personnes de l’énergie et de l’eau propres et en sauvegardant les écosystèmes sur la terre, dans les lacs et les rivières et dans l’océan », explique le rapport. En agissant sur l’un de ces enjeux, on démontre que l’on peut apporter une réponse positive aux autres
 
Le développement résilient au climat consiste donc, pour les États, à prendre en compte à la fois les questions d’alimentation, d’eau, de logement, de transport, d’énergie, d’industrie, de santé et de développement urbain, pour s’assurer qu’une action dans l’un de ces domaines n’entraîne pas de conséquences négatives sur un autre.
 
« Cibler un monde résilient et durable sur le plan climatique implique des changements fondamentaux dans le fonctionnement de la société », insistent les auteurs du rapport du GIEC, qui affirment que « les choix que nous ferons au cours de la prochaine décennie détermineront notre avenir ».
 
Sources : IPCCBonpote  et Altenativi

 






              


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