La voiture électrique : pas si vertueuse que l'on veut nous le faire croire ?


le Samedi 17 Février 2018 à 11:41

Dans la ville du futur, tout sera électrique et ceux qui nous gouvernent n'ont de cesse de nous dire que la voiture électrique, laquelle n'émettrait pas de gaz et n'engendrerait pas de pollution, serait beaucoup plus écologique que ses consœurs à moteur thermique. Pas vraiment, affirme le journaliste Guillaume Pitron, dans son livre : « La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition énergétique et numérique ».


La voiture électrique nous permet d'exporter la pollution automobile vers des pays moins soucieux de leur environnement (photo Auto Moto)
La voiture électrique nous permet d'exporter la pollution automobile vers des pays moins soucieux de leur environnement (photo Auto Moto)

Une voiture électrique, durant l'ensemble de son cycle de vie, émet presque autant de carbone qu'un véhicule diesel », affirme le journaliste et ancien juriste, Guillaume Pitron, dans son ouvrage intitulé : « La guerre des métaux rares ». « Ce n'est pas moi qui le dit mais un rapport de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie » De quoi battre en brèche les propositions de notre gouvernement et notamment de son ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, lequel affirmait en juillet 2017, lors de la présentation du « Plan Climat », au gouvernement : «  Nous visons la fin de la vente des voitures à essence et diesel d'ici à 2040 », pour les remplacer par des voitures électriques.

Certes l'idée d'utiliser des véhicules beaucoup moins énergivores et moins polluants que ceux que nous utilisons aujourd'hui est très séduisante. Mais avant d'en arriver là il va peut-être falloir revoir quelques notions environnementales. C'est ce qu'évoque Guillaume Pitron dans son ouvrage.

Alors la voiture électrique, celle que commercialisent les constructeurs automobiles, est-elle aussi vertueuse que l'on voudrait nous faire croire ? «  Non », affirme Guillaume Piton. Et il n'est pas le seul. Pour sa fabrication une voiture électrique, nécessite des métaux rares, pour sa partie électronique et ses imposantes batteries. « Ces métaux rares sont extraits du sol, principalement en Chine, raffinés et acheminés dans les usines de fabrication des batteries, tout cela a un coût écologique extrêmement lourd en terme de rejet carbone, et de pollution des zones environnantes », souligne Guillaume Pitron. Ajoutant même que « pour produire un véhicule électrique, il faut deux à trois fois plus d'énergie que pour construire un véhicule conventionnel ». Une aberration, quand on cherche justement à réduire l'impact sur l'environnement. «  Avant même d'avoir effectué son premier kilomètre, une voiture électrique a déjà nécessité 3 à 4 fois plus d'émission de gaz à effet de serre qu'un véhicule classique », ajoute l'auteur. « Il faut arrêter de dire que quand on roule avec un véhicule électrique on roule propre, ce n'est pas vrai ».
 

«   Il faudrait que l'on m'explique quel est le progrès dans cette démarche »


Comme on ne calcule pas le coût global d'un véhicule avec le seul carburant que l'on met dans le réservoir, mais avec son amortissement, ses coûts d'entretien et désormais son recyclage, il est important de faire de même pour le véhicule électrique. C'est ce qu'on appelle le cycle de vie d'un produit. Une donnée à prendre en compte pour comparer équitablement les véhicules et ne pas induire l'automobiliste en erreur. Ce qui semble bien être le cas avec la voiture électrique telle que nous la connaissons. Alors, dans ce cas, la transition écologique ne serait-elle pas vraiment verte ?

Si la fabrication de la voiture est loin d'être vertueuse, s'ajoute le type d'électricité que le propriétaire utilisera pour recharger ses batteries. En France, l'énergie électrique est principalement issue des centrales nucléaires. Pas vraiment propre et surtout pas mieux sur le plan environnemental que les énergies fossiles. Certes, l'impact peut sembler moins fort si l'énergie provient d'éolienne ou de panneaux photovoltaïques, mais ces produits nécessitent aussi des métaux rares ce qui fait que leur cycle de vie reste impactant pour l'environnement.

« Il faudrait que l'on m'explique quel est le progrès dans cette démarche », questionne à juste titre Guillaume Pitron. Pour ce dernier « on a tout simplement délocalisé la pollution de la voiture électrique vers des pays qui ont été prêts à sacrifier leur environnement ». C'est notamment le cas de la Chine mais aussi de la Malaisie, l'Indonésie, l'Afrique du Sud, l'Amérique du Nord, des lieux où l'on extrait en grande quantité les matériaux dont nos voitures électriques ont besoin. « Il y a une forme d’hypocrisie totale à ne pas vouloir assumer cette pollution », s’insurge l'auteur, ajoutant : « La demande va grossir et nous allons passer d'une dépendance du pétrole à celle de la Chine qui gère actuellement 95 % du marché des terres rares. Demain nous roulerons tous chinois ».

Enfin s'ajoute à cette prise de conscience de la fabrication très polluante des véhicules électriques, le stockage et le recyclage des batteries usagées qu'il faudra bien stocker en un lieu, sans doute dans les même pays, peu soucieux de l'environnement. N'oublions pas que ces derniers sont situés sur la même planète que la nôtre. Nous devrions, inévitablement en subir les conséquences, en retour, que ce soit sur le plan économique ou climatique.

Pour que la voiture électrique soit vraiment intéressante sur le plan environnemental, reste à faire en sorte que son cycle de vie soit plus vertueux qu'il ne l'est aujourd'hui, que l'énergie qui permet de recharger les batteries le soit également, et que les batteries n'utilisent plus de métaux rares, ou tout au moins que ces derniers soient recyclables à l'infini. Des chercheurs se penchent actuellement sur le sujet, et nul doute que d'autres solutions devraient voir le jour. Les piles à hydrogène se présentent comme un alternative. Mais pour produire de l'hydrogène il faut effectuer une électrolyse de l'eau avec de l'électricité.... Pas mieux. 

Ainsi, s'il ne s'agit pas de se laisser berner, - c'est en cela que l'ouvrage de Guillaume Pitron est intéressant -, il ne faut pas pour autant baisser les bras. La transition écologique est nécessaire, mais il faut pour cela qu'elle apporte un réel progrès. Ce n'est pas encore le cas aujourd'hui...

La guerre des métaux rares
La face cachée de la transition énergétique et numérique
Guillaume Pitron

Editions Les liens qui libèrent

 

 







              


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