Le plus gros Datacenter français sera installé en Essonne


le Samedi 30 Octobre 2021 à 15:54

Porté par le fournisseur américain de centres de données digitales, CloudHQ, le plus important DataCenter français, devrait être installé sur la commune de Lisses, à trente kilomètres au sud-est de Paris. Cette nouvelle infrastructure qui nécessite d’importants moyen électrique et de refroidissement, pose question, notamment sur le plan environnemental.


Un dadacenter en fonctionnement (photo d'archive Adobe Stock)
Un dadacenter en fonctionnement (photo d'archive Adobe Stock)
Notre magazine, entièrement digital, pourrait-il fonctionner s’il n’y avait pas à Roubaix, chez OVH, pour ce qui nous concerne, un centre d’hébergement de données ? Bien sûr que non pour autant ces immenses entrepôts qui hébergent des milliers de serveurs, sont gourmands en énergie électrique, à la fois pour faire tourner les appareils, mais aussi pour les ventiler. Car un ordinateur produit d’autant plus de chaleur qu’il est sollicité. Pour refroidir les serveurs et leur éviter une surchauffe préjudiciable à leur bon fonctionnement, les hébergeurs ont le plus souvent recours à un système de climatisation dont chacun sait que ce n’est pas la meilleure solution en matière d’impact carbone. Et quand on sait que le recours à ces installations, très gourmandes, va en augmentant, ce n’est pas près de s’arranger.
 
A ce jour le plus gros Datacenter français est en cours d’installation à la Courneuve, une commune de la région Île-de-France, située dans le département de la Seine-Saint-Denis. Installé sur un ancien site industriel d’Airbus Helicopters par l’hébergeur informatique Interxion ce méga datacenter couvrira à terme une surface de 40 000 m2.
 
Mais à peine lancé, voici qu’un second devrait lui ravir la place en termes taille. Ce mastodonte d’une surface de 66 000 m2, composé de deux bâtiments principaux, sera installé sur la commune de Lisses en Essonne, toujours en région Île-de-France, plus précisément sur le vaste parc d'activités Léonard de Vinci (32 hectares), situé dans la zone d'aménagement concertée Les Folies à l'ouest de la ville. Situé en bordure de la commune de Vert-le-Grand, la parcelle ciblée par CloudHQ  s'étend sur 13,7 hectares, dont 12 hectares sont actuellement composés de cultures agricoles. 
 
Deux lignes très haute tension de 225 kilovolts seront nécessaires pour l’alimentation du site qui comprendra 48 salles informatiques. La première ligne sera conçue comme liaison principale et la seconde comme liaison de secours. Ces deux lignes seront raccordées à deux sous-stations, une par bâtiment principal, chacune étant composée de trois transformateurs de 225 kV/33 kV.
 
« La puissance maximale délivrée par RTE (Réseau de transport d'électricité) sur le site représente 240 mégawatts soit 120 MW par bâtiment », précise la Mission régionale d'autorité environnementale d'Île-de-France au JDN. Une puissance totale, plus importante que les 105 MW nécessaires au Data4 du campus de Paris-Saclay et qui correspond à celle produite par le barrage hydroélectrique de Bort-les-Orgues, quatrième retenue d'eau la plus importante en France.
 
« Le sujet du Datacenter local peut-être intéressant à condition d'avoir à l'esprit l'impact environnemental de la production » 

Le projet prévoit également d'installer 114 groupes électrogène, soit 57 par bâtiment, pallier les éventuelles coupures d'alimentations chez RTE. Ces groupes électrogènes seront alimentés par 37 cuves de fioul domestique de 70 m3 chacune, soit 2520 m3 chacune. De quoi faire frémir le premier écologiste venu.
 
A cela s’ajoute le refroidissement des salles par l’air ambiant (free cooling). Mais l’installation de 104 groupes de froids installés sur les toits, soit 52 par bâtiment est néanmoins prévu dans le projet du constructeur. 
 

Le projet de datacenter de Lisses (esquisse Atelier M3 architecture)
Le projet de datacenter de Lisses (esquisse Atelier M3 architecture)
« Le sujet du Datacenter local peut-être intéressant à condition d'avoir à l'esprit l'impact environnemental de la production », déclare Tony Canadas, président de l’association La Ville intelligente et citoyenne, lui-même habitant de Palaiseau à une vingtaine de kilomètres du site.
 
« Aujourd'hui les Datacenter représentent 3% de la production d'électricité mondiale soit 2 à 3 % d'émission de gaz à effet de serre ce qui est comparable à celle de transport aérien », ajoute ce dernier qui liste sur sa page Linkedin plusieurs questions sur le fonctionnement environnemental de cet équipement et notamment sur le refroidissement, avec l’utilisation de l’eau de mer glaciale (un peu loin…), mais aussi de l’eau de pluie, en utilisant un système « water cooling », plus efficace que l’air ambiant à l’exemple de l’hébergeur OVH à Roubaix. A moins que le bâtiment soit conçu pour créer un effet naturel de ventilation, ce qui n’est pas précisé dans le projet. 
 
Se pose également la question de l’électricité qui mériterait qu’on se penche sur les énergies renouvelables (eau, vent, soleil), mais aussi la conception même des bâtiments pour limiter l’impact carbone et la mise en place d’une gestion intelligente des serveurs (IA) pour réduire la consommation électrique. Cela passe aussi par la consommation responsable des utilisateurs afin de réduire les sollicitations permanente du Cloud. 
 
Reste la chaleur dissipée par les milliers d’appareil qui peut également être récupérer par un réseau de chaleur et permettre de chauffer les bâtiments situés sur la commune et ailleurs. 
 
La Mission régionale d'autorité environnementale d'Île-de-France note qu'« après avoir dans un premier temps refusé son agrément au projet en raison de l'absence de récupération de la chaleur produite par les serveurs, le préfet de région a accordé cet agrément le 11 janvier 2021, en considérant que le territoire s'engage à récupérer la chaleur émise par le data center et prévoit notamment son raccordement au futur réseau de chaleur de Corbeil-Essonnes », rapporte le JDN. 
 
Après sa clôture le 21 septembre les résultats de l'enquête publique visant à recueillir les observations du public (et notamment des riverains), seront connus aux alentours du 2 novembre. La prochaine étape sera l'accord du permis de construire par la ville de Lisses.





              


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