Numérique : mais où sont les femmes ?


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Jeudi 17 Novembre 2022 à 10:52

C’est le titre d’une chanson d’un artiste de variétés des année 70, Patrick Juvet. Cinquante ans plus tard, la question se pose dans les écoles d’ingénieurs et les technologies digitales : où sont les femmes ? Pourquoi ce secteur particulièrement innovant et créatif, attire majoritairement les hommes, alors que les talents féminins y auraient pourtant toute leur place. Analyse de la situation.


Les femmes ne sont pas assez nombreuses dans les écoles d'ingénieurs, notamment dans la filière numérique (photo d'illustration Adobe Stock)
Selon la dernière enquête « Gender Scan  » de mars 2022, qui mesure l’évolution de la féminisation dans le secteur des technologies et du numérique, auprès des adolescentes et étudiantes, et notamment leur intérêt pour le numérique, seulement 7% de jeunes filles envisagent spontanément de s’orienter vers le numérique. Côté masculin, ils sont 29% à être intéressés par la filière digitale. 
 
Toujours selon la même enquête si le nombre de femmes diplômées dans le numérique est en croissance depuis 2013, pour atteindre 19% en 2017, soit pratiquement la moyenne européenne qui est établie à 20%, près de la moitié des étudiantes potentielles ne sont pas encouragées par leur parents ou enseignants à poursuivre vers des études en numérique. Ces derniers préférant les orienter vers des métiers plus administratifs, de la finance ou de la santé.
 
Et du côté des grandes écoles ce n’est pas mieux : le nombre de femmes ingénieures françaises a seulement augmenté de 5% entre 2011 et 2019. Alors que la hausse moyenne constatée en Europe durant cette même période frôle les 16%.
 
Et pourtant, au siècle dernier, « vers la fin 70, les femmes représentaient 30 à 50% des fonctions techniques dans les métiers du numériques », révèle l’organisme de formation Visiplus Academy. Les femmes étaient nombreuses sur les chaines de montage électronique mais aussi dans les services informatiques, le travail étant alors considéré comme administratif, avec des tâches relevant plus du secrétariat que de l’ingénierie. Depuis les années 80, elles ont été de plus nombreuses à déserter ces fonctions, devenues plus techniques.
 

Éviter la masculinisation des applications digitales

« Il est impératif d’encourager les femmes à s’approprier les compétences numériques et favoriser leur montée en expertise, contribuant à anticiper les évolutions de ces métiers sur le marché du travail où l’innovation sera essentielle », affirme la fondation Femmes@Numérique
 
Si les femmes ne s’intéressent pas au digital, on serait tenté de dire que ce n’est pas si grave. Et pourtant ça présente un risque sociétal. Imaginons un logiciel ou un système qui serait programmé par une équipe exclusivement masculine : il aurait tendance à se concentrer sur les besoins masculins. C’est déjà le cas avec les commandes vocales qui ont tendance à mieux reconnaitre correctement que les voix masculines, à l’exemple des podomètres qui intègrent une foulée masculine et pas forcément féminine. 
 
En matière de programmation il y aurait donc des trous dans la raquette et un risque avéré de discrimination lors de l’utilisation des applications digitales. 
 
« Atteindre la mixité dans le numérique est vraiment souhaitable pour que tout le monde profite pleinement des avancées technologiques ! », martèle Visiplus Academy
 

Angers French Tech veut faire bouger les lignes

En matière de féminisation de le Tech, la Coopérative Angers French Tech, entend bien faire bouger sérieusement les lignes. « Ce n’est pas juste un événement, c’est une cause », avance Corine Busson-Benhammou, directrice de la coopérative, dans les colonnes du Courrier de l’Ouest, en présentant la première édition du forum « Connected Women  », un événement qui a pour objectif avoué de renforcer la place des femmes dans une filière très masculine. 
 
Ce forum qui se veut presque militant, comme l’est celle qui en est à l’origine, est organisé les 23 et 24 novembre 2022 au Centre de congrès d’Angers, dans le cadre de la « Connected Week », un événement local qui s’adresse aux acteurs régionaux de la Tech. Durant ces deux jours, la directrice de la coopérative Angers French Tech profite de la présence des chefs d’entreprise, des étudiants, des institutionnels, des grandes écoles d’ingénieurs, pour faire passer un message fort, avec l’ambition qu’Angers soit le point de départ d’un véritable mouvement qui permettra aux jeunes filles, leurs parents de se sentir plus motivés par ces métiers d’avenir, qui recrutent et rémunèrent.  





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