Publicité urbaine : la décision radicale de Nantes


le Mercredi 15 Mars 2023 à 11:05

Vitrines, mobilier urbain, écrans géants, la publicité est partout en ville, créant une pollution visuelle, une consommation d’énergie et une incitation à la consommation insupportable pour la population et les élus locaux. En une nuit, début janvier, la ville de Nantes (44) a décidé de déposer 110 panneaux lumineux sur le territoire de la métropole urbaine. Et ce n’est qu’un début, d’autres vont suivre.


Dépose d'un panneau publicitaire dans une rue de Nantes, début janvier (© Rodolphe Delaroque | Ville de Nantes)
Dépose d'un panneau publicitaire dans une rue de Nantes, début janvier (© Rodolphe Delaroque | Ville de Nantes)
Effacer les énormes panneaux publicitaires, toujours plus nombreux sur l’espace public de de nos cités, est une décision lourde de conséquences.  Les recettes qu’ils génèrent, dont une partie est reversée aux collectivités, n’est pas négligeable. Cela n’a pas arrêté la maire de Nantes et présidente de la Métropole urbaine, Johanna ROLLAND (PS), qui a décidé de réduire de manière drastique, en application du Règlement Local de la Publicité, le nombre de panneaux publicitaires implantés sur le territoire qu’elle gère.  
 
« C’est un choix de société » a martelé l’édile lors de l’opération « coup de poing », lancée le 4 janvier dernier, en soirée. Ce jour-là, à 20h, un camion grue et 4 opérateurs du spécialiste de la publicité urbaine JCDecaux, démontaient symboliquement le panneau de 8m2 installé boulevard de la Fraternité à proximité de l'école élémentaire Fraternité. Dans la nuit, 110 panneaux du même type ont été déposés à Nantes, Saint-Herblain, Bouguenais, Orvault, Rezé et Saint-Sébastien-sur-Loire, des villes de la métropole nantaise. Et la maire et ses équipes comptent bien ne pas en rester là.
 
« L’ambition est tout à la fois de préserver le paysage, réduire la pollution visuelle et interroger des modes de vie parfois tournés vers l'hyper-consommation », poursuit Johanna ROLLAND. « Ces décisions sont le fruit d’un travail et d'une concertation menés depuis 2020 avec les citoyens, les 24 communes de la métropole et les professionnels ».
 
En fait, ce démantèlement spectaculaire est la première traduction concrète des engagements pris par la Métropole à la suite du débat citoyen sur la place de la publicité en ville, en lien avec son nouveau Règlement local de publicité  (RLPm), voté en juin 2022. Ce règlement, désormais applicable, préserve 70% du territoire de toute publicité.  En interdisant la publicité à proximité des établissements scolaires ces textes locaux vont provoquer la disparition de l’ensemble des panneaux d’affichage de 12 m² et de la moitié des panneaux de 8 m² à affichage déroulant, mais aussi l’abandon de l’installation de nouveaux panneaux publicitaires numériques.

« Ce règlement local de publicité métropolitain a été voté à l'unanimité, cela montre qu'on peut prendre des décisions fortes, avec une forme de radicalité, mais dans l'apaisement et sans aucune conflictualité », appuie la maire-présidente de la métropole. 

Un choix ambitieux assumé par les élus locaux

Au cours de l’année, ce nouveau règlement va s’appliquer à l’ensemble des espaces publics et privés de la métropole, ce qui entrainera la disparition de près de 1 000 supports publicitaires d’ici fin 2024. « Soit une réduction de 45% de la publicité sur la métropole », précise la ville de Nantes
 
La réduction de la publicité sur l’espace public nantais aura une conséquence directe sur les finances de la collectivité. La baisse est évaluée à 30% de la redevance publicitaire versée par JCDecaux, soit une somme d’environ 3 millions d’euros. 
 
Un choix ambitieux, assumé par les élus nantais, qui permettra d’offrir un meilleur cadre de vie aux habitants et permettra à la collectivité de réalisé des économies en matière d’énergie.  
 
« La seule dépose des panneaux électrifiés représente une économie de 625 000 kWh par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle en électricité de 40 foyers de 4 personnes utilisant uniquement l’électricité à leur domicile », indique Tristan RIOM, adjoint à la maire de Nantes, délégué à l’énergie. Les panneaux déposés à Nantes seront reconditionnés par JCDecaux et réinstallées dans d’autres villes. Sauf si dernières font aussi le choix de réduire l’implantation de ces grands panneaux.  
 
La décision nantaise concerne aussi le tramway qui circule sur le territoire de la métropole urbaine. Les rames ne serviront donc plus de support publicitaire comme c’est de plus en plus le cas dans de nombreuses villes. 
 
 « Depuis le 3 janvier 2023, il n’y a plus aucune campagne dite commerciale en « total covering », (flocage intégral d'une rame) explique-t-on à la Semitan, gestionnaire du réseau lequel ajoute que ce choix lui fera perdre entre 200 et 300 000 euros par ans sur les 1,1 millions d’euros que rapporte la publicité sur les transports collectifs.






              


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