Smart City : Intelligence collective ou simple gestion des flux de données ?


le Lundi 17 Juin 2019 à 11:54

Concept très en vogue chez les gestionnaires de collectivités territoriales qui cherchent à répondre aux besoins des usagers et aux directives en matière de transitions écologiques, tout en cherchant à réduire leurs coûts de fonctionnement, la notion de smart city relève-t-elle de l’intelligence collective ou se résume-t-elle finalement à une gestion optimisée des flux via l’outil numérique ? C’est la question que pose Tony Canadas, le président de La Ville Intelligente et Citoyenne (LVIC), dans sa tribune.


L'intelligence d'une ville c'est avant tout celle de ceux qui la composent (Photo Adobe Stock)
L'intelligence d'une ville c'est avant tout celle de ceux qui la composent (Photo Adobe Stock)
Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, le numérique est au cœur de nos usages. Il est donc important de l'appréhender comme un outil au service des citoyens et de la cité et pas comme une contrainte. Dès lors, il semble opportun de considérer que l'intelligence technologique, couplée à l'intelligence humaine, permettront de donner un sens et une réalité au territoire de demain.
                                                   
Les choix technologiques du développement des objets connectés seront un enjeu majeur de notre société, de compétitivité et d'attractivité pour nos territoires.Les innovations technologiques, mais pas seulement, devront engager les villes et villages dans une transition écologique, appuyée par celle du numérique, qui permettra d’optimiser les transports, de favoriser l'intermodalité et de réaliser des économies d'énergie.
 
De nouveaux modes de consommation, de nouvelles façons de vivre au quotidien, de partager des intérêts communs autour des évènements culturels, sportifs, éducatifs.... s’ouvrent aux citoyens, qu’ils soient résidents, travailleurs ou visiteurs de la ville et de ses quartiers. 
 
Mais pour réussir, la technologie devra offrir à ses habitants une qualité de vie maximale avec un meilleur contrôle de la consommation des ressources grâce à une combinaison intelligente des infrastructures (transports, énergie, communication…) aux différents niveaux d’organisation de la ville (bâtiment, quartier, et territoire).
 
Aujourd’hui nos territoires sont responsables de 70 à 80% des émissions de gaz à effets de serre selon certaines études.L'utilisation intelligente et bienveillante de nos technologies permettra une meilleure prise en main de la gestion des ressources naturelles, en raison du réchauffement climatique et du risque de pénurie. Une prise en compte devenue prioritaire aujourd’hui.
 
Mais ce territoire de demain ne naitra pas tout seul, il découlera de l’application de nos modes de vie sur les technologies innovantes mais également de notre prise de conscience de l’importance de l’humain dans la réflexion avec l’objectif de repenser nos territoires.

Une approche des besoins et usages en favorisant une démocratie participative

Au cœur de cette co-construction, les collectivités, les entreprises privées et les usagers devront en être les acteurs incontournables. Ce sont eux qui, par leurs différences autant que leurs complémentarités, permettront de dynamiser ces nouveaux territoires. Afin qu’ils ne soient pas qu’un simple concept ou un vœu pieu…

Si nous nous sommes convaincus que le numérique sera le moteur de cette amélioration de qualité des services urbains, il ne faut pasque cette convergence des transitions écologique et numérique se limite à des solutions purement techniques en termes d'optimisation, d'efficience, voire de substitution de ressources.Ces solutions seront certes nécessaires, mais pas suffisantes pour renverser la situation actuelle.

Ces réorientations nécessaires appelleront donc bien à une véritable transformation de notre société. Celle-ci devra passer par un changement de nos modes de consommation, de production et de vie dans l'objectif de tendre vers des systèmes économiques plus ambitieux et donc plus durables dans le temps.

Alors le numérique doit être bien plus qu'un outil.Pour que les citoyens se l’approprient plus facilement il doit être utilisé pour développer de nouvelles façons de travailler, de penser de connaître et d'agir. Il deviendra alors l'outil qui permettra d'appuyer des formes novatrices et puissantes de participation, de mobilisation et d'action collective.

Il devrait rendre aussi possibles des collaborations inédites, de nouvelles formes d'échanges et de partages ainsi qu'une articulation plus agile entre tous les différents acteurs du territoire, mais également entre les différents systèmes qui peuvent composer notre territoire.
Le numérique au service de l'écologie ne se contentera donc plus de réduire sa propre empreinte écologique, même si c'est bien sûr nécessaire.Il intégrera l'écologie dans toutes ses composantes et perspectives de développement. Il cherchera délibérément à accélérer cette transformation écologique des filières et des systèmes qu'il outillera.

Ainsi, le numérique devra contribuer à mesurer autrement la richesse, mieux orienter les activités humaines, à organiser le partage et la mutualisation des ressources, à réorganiser des secteurs entiers autour de ressources renouvelables. A s'orienter au mieux vers des circuits courts, en développant d'autres principes que celui de la consommation, dont on connait aujourd’hui les effets néfastes. 

Une meilleure approche des besoins et usages en favorisant une démocratie plus participative. Voilà le véritable enjeu de la ville et des territoires de demain !  





              


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