Transports maritimes : une compagnie bretonne achemine le café colombien à la voile


le Vendredi 11 Février 2022 à 10:22

S’il y a bien un secteur où l’on ne s’est jamais soucié de l’impact carbone, c’est bien celui de de l’industrie maritime. Les énormes bâtiments qui déversent les marchandises dans nos ports ont un appétit féroce en énergie fossile. Heureusement des initiatives plus respectueuses de l’environnement se mettent en place à l’exemple de la goélette « Avontuur » de la compagnie bretonne TOWT qui vient de livrer 22 tonnes de café Colombien sur les quais de Bassens à Bordeaux.


L'Avontuur lors de l'une de ses traversées transatlantiques (photo Paul Bentzen TOWT)
L'Avontuur lors de l'une de ses traversées transatlantiques (photo Paul Bentzen TOWT)
Ce n’est un secret pour personne :  l’industrie maritime, qui achemine 90% du commerce mondial, est régulièrement épinglée pour les émissions polluantes du carburant qu’elle utilise pour ses mastodontes des mers. Selon l'organisation professionnelle Armateurs de France cette industrie représente 2,3% des émissions de CO2 et 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « C'est plus que le transport aérien, pourtant bien plus critiqué », ajoute l'Institut supérieur d'économie maritime (Isemar).
 
En cause, le fioul lourd, énergie fossile à forte teneur en oxydes de soufre et d'azote mais aussi en particules fines, beaucoup moins raffinée que celle que nous mettons dans notre voiture, propulse 60.000 à 90.000 navires, dont les gigantesques pétroliers ou porte-conteneurs qui constituent la flotte commerciale mondiale. A cela s’ajoutent les énormes bateaux de croisière et les ferrys qui utilise le même carburant. 
 
Comme toutes les industries à forte empreinte carbone, le transport maritime va devoir changer pour faire face au changement climatique, d’autant que « le transport maritime utilise le pire carburant au monde et c'est le dernier grand secteur à ne pas avoir été réglementé », déplore Faig Abbasov, de l'ONG bruxelloise Transport et Environnement (T&E), interrogé par l'AFP.
 
Devant ce constat des alternatives commencent à voir le jour avec notamment l’utilisation de biocarburants, de l’hydrogène, de l’électricité et des navires à voiles. Le gaz naturel liquéfié (GNL), semble être l’option privilégiée par plusieurs compagnies françaises et des pétroliers comme Shell. Mais cette solution nécessite des infrastructures d'approvisionnement, des capacités de stockage spécifiques à bord et un moteur adapté.
 

La voile pour offrir un avenir plus durable au transport maritime

Utiliser un voilier de grande taille pour transporter de la marchandise, du café de Colombie, mais aussi du rhum, c’est le choix qu’a fait TOWT  (TransOceanic Wind Transport), un spécialiste breton du transport maritime, basé à Douarnenez (Finistère), grâce à « l’Avontuur » une goélette à deux mâts de 43,55 m de long, construite en 1920 par Otto Smit à Stadskanaal au Pays-Bas. Remis en état avec à son bord, en plus des voiles, des panneaux solaires et des éoliennes, ce voilier de transport effectue des rotations transatlantiques entre l’Europe et les Amériques. Une marche arrière ?  Pas si sûr.  La voile qu’elle soit rigide comme sur certains bateaux actuellement en construction, ou pas, a de l’avenir. Certains clients à l’exemple à l’exemple de la société Belco, basée à Mérignac (Gironde) spécialisée dans la recherche et la distribution de cafés verts aux torréfacteurs indépendants, ont choisi ce mode de transport. 
 
Dernièrement le voilier a livré 22 tonnes de café en provenance de Colombie, dans le port de Bassens à Bordeaux. Parti d’Amérique du Sud en décembre, la goélette a mis deux mois pour traverser l’Atlantique et livrer son précieux café à la société Belco. Pour cette dernière il s’agit avant tout de décarboner le transport de marchandises et notamment du café souvent pointé du doigt pour son impact environnemental.
 
L’importateur s’est même fixé un objectif ambitieux : pouvoir acheminer plus de 50 % de café par voilier d’ici 2025, sachant que « ce mode de transport a un coût 3 à 4 fois supérieur au cargo classique », avance l’entreprise au micro de France Info. Pour les consommateurs cela se traduit par une hausse du prix d’environ 10 centimes pour un paquet de 250 grammes de café torréfié. 
 
« Je vois un impact important pour toute une filière. Et cela ne passe pas seulement par la voile mais par toute une politique que nous menons, notamment l’accompagnement sur place des producteurs pour limiter la consommation d’eau », a confié Alexandre BELLANGÉ, PDG. de Belco au quotidien Sud-Ouest, à l’arrivée du voilier. En plus de réduire l’empreinte carbone, ce mode de transport serait par ailleurs bénéfique pour le café, puisque selon le PDG de Belco, « le café subit moins les effets de la condensation dans des cales que des conteneurs ordinaires ».

De son côté l’amateur breton TOWT a pour projet de mettre à flot un cargo du futur d’ici 2023. Ce navire ultra moderne, serait capable de contenir 1 000 tonnes de marchandises et permettrait d’économiser près de 5 000 tonnes de CO2 par an et par navire. 





              

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