Alternative écologique au ferry : une ligne commerciale en voilier vers la Corse


le Lundi 23 Mai 2022 à 14:03

Pour ceux qui souhaitaient partir en vacances sur l’ile de Beauté, deux moyens de transport sont proposés : le ferry, pour ceux qui veulent traverser avec leur véhicule, ou l’avion. Une troisième alternative vient d’être récemment inaugurée : la traversée commerciale entre Toulon et Calvi sur un voilier de 15 m, affrété par la coopérative de transports de passagers Sailcoop.


Le port de Calvi en Corse (photo illustration Adobe Stock)
Le port de Calvi en Corse (photo illustration Adobe Stock)
Ça fait huit ans que je ne prends plus l'avion pour des raisons écologiques et je voulais aller plus loin », explique Maxime de ROSTOLAN, sociétaire de la coopérative Sailcoop au micro de France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Je parlais sur les réseaux sociaux de mes projets et idées passés, sur le thème de l'écologie et petit à petit une équipe de 10 personnes s'est constituée autour de ce nouveau projet ». 
 
Le concept de lignes maritimes à la voile est original. La société coopérative Bretonne Sailcoop, dont le siège est situé à Vannes (Morbihan) et qui organise déjà des séjours à la voile, n’est pas la première à imaginer des solutions de transport maritime plus écologiques, en complément, voire remplacement des navires alimentés au fuel lourd. Ces énormes navires, qu’ils s’agissent de transport de marchandise ou de touristes, sont considérés, à juste titre comme des gros pollueurs. Il est donc temps de penser à d’autres alternatives, à la voile ou avec des carburants plus écologiques. La proposition de la coopérative de transports Sailcoop, première du genre entre le continent et la Corse est donc, à plus d’un titre, intéressante. Même si la capacité de transport est beaucoup moins importante qu’un ferry ou un avion.
 
Et si ce mode de transport qui relie Toulon à Calvi aller/retour, sur la Belle Aventure, un monocoque de 50 pieds (15 mètres) est plus agréable qu’un ferry, il ne s’agit pas pour autant d’une croisière, mais d’une véritable ligne commerciale de transport maritime. 10 personnes peuvent embarquer à bord du voilier pour une durée de traversée qui durera moins de 20h selon la météo et les vents, deux fois par semaine. De quoi vivre une vraie belle aventure, plus personnalisable qu’à bord des ferries qui effectuent normalement les rotations, plusieurs fois par jour, entre le continent et l’île. Il faut toutefois compter 180 euros par personne pour une traversée comprenant les repas (diner, petit-déjeuner et déjeuner), en partant avec une petite valise, en oubliant son vélo et encore plus sa voiture…
 
Rien de comparable donc, avec un voyage en avion ou en ferry, mais le plaisir de contribuer à son niveau au respect de la mer et de l’environnent d’une manière générale.
 
En effet, on ne le sait pas toujours mais « en Europe, la pollution de l’air du transport maritime est responsable de 50 000 à 60 000 morts par an selon les études. Chaque navire polluant autant qu’un million de voitures », affirme dans l’un de ses dossiers France Environnement. Et vu le nombre de rotation effectués vers la Corse par les ferries et bateaux de croisière, nul doute que l’impact sur la faune marine est réel.

Une démarche en mode slow consommation

Bien sûr Sailcoop, n’a pas pour ambition de remplacer les compagnies traditionnelles qui transportent dans les deux sens, près de 4 millions de passagers par an. Si cette initiative n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan elle intéresse de plus en plus une clientèle adepte de la « slow consommation  » (consommation lente) et surtout qui prend conscience de la pollution qu’elle engendre en prenant les moyens de transports traditionnels.
 
Le concept de « slow consommation » invite les consommateurs à prendre le temps, de vivre, de consommer autrement, sans rechercher en permanence la performance et le gain temps ». Ce mouvement a été lancé dans les années 80, en réaction à la malbouffe. Désormais il se développe dans différents domaines : les vacances, les hébergements, la mobilité … Comme le vélo ou la randonnée à pied qui permettent de voyager en prenant le temps d’admirer les paysages, le voilier permet également un mode de transport lent à vivre au gré du vent, « imprévisible », rappelle Maxime de ROSTOLAN. 
 
La démarche Sailcoop s'inscrit dans cette démarche, ses prestations ne s'adressant pas aux personnes continuellement pressées, même pendant leurs vacances, mais plutôt à celles qui souhaitent et peuvent prendre le temps de consommer autrement. Toutefois, en cas de manque de vent, ce qui arrive assez souvent en Méditerranée, la compagnie devra se résoudre à allumer le moteur ou effectuer un report modal vers une ligne de ferry. Les voiliers utilisés par la coopérative sont loués à des propriétaires qui ne les utilisent pas toute l’année. 

A noter que Sailcoop, entreprise de l’économie sociale et solidaire, a lancé un financement participatif sur LITA.co, à l’attention de celles et ceux qui veulent investir responsable. 
 

Bon à savoir : 
Les ports de Méditerranée ont lancé un plan de 30 millions d’euros en 2019 pour lutter contre la pollution de l’air causée par les ferries et les paquebots. Parmi les mesures, celle de l'électrification des quais afin que les ferries ne laissent pas leurs moteurs allumés lorsqu'ils sont à quai.
 
L’objectif est de diminuer de 10 % la pollution globale dans les ports de Marseille, Toulon et Nice. Des navires de la Méridionale et de la Corsica Linea, qui relient Marseille à la Corse, sont déjà équipés. Reste désormais à utiliser des navires mues par des moteurs utilisant de biocarburants ou l’électricité. 





              


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