L’Académie des Technologies se penche sur la mobilité terrestre du futur


le Jeudi 5 Décembre 2019 à 23:21

Organisée le 18 novembre dernier à la Maison de la Chimie à Paris, la troisième convention de l’Académie des Technologies la troisième Convention de l’Académie des technologies a réuni 300 personnalités pour échanger sur « la mobilité terrestre du futur ». Cet événement avait pour objectif de faire le point sur les innovations marquantes d’une filière industrielle en pleine mutation.


Pour cette nouvelle édition, l’Académie des technologies a récompensé deux startups innovantes dans le secteur de la mobilité terrestre : La startup Mob-Energy dans la catégorie « Technologie » et la startup Groupeer technologies dans la catégorie « Technologies et société » (Photo Académie des technologies)
Pour cette nouvelle édition, l’Académie des technologies a récompensé deux startups innovantes dans le secteur de la mobilité terrestre : La startup Mob-Energy dans la catégorie « Technologie » et la startup Groupeer technologies dans la catégorie « Technologies et société » (Photo Académie des technologies)
En moins de vingt ans, le tout début du XXsiècle est passé de la traction hippomobile à l'Automobile. Mais il a fallu attendre la seconde moitié du siècle pour que chacun ait accès à son automobile et à une certaine indépendance en matière de mobilité, symbole de liberté et de progrès et pour tous un changement important de style de vie », soutient l’Académie des Technologies, par la voix de son président Pascal Viginier. « La question de l'énergie s'est alors posée en des termes étonnamment modernes avec le pétrole pour l’automobile et la vapeur pour les transports collectifs ». 
 
Mais comme le précise l’Académie des Technologies, « du point de vue de l’usage de la mobilité, avec des villes de plus en plus congestionnées et des mondes ruraux de plus en plus isolés, de l’impact sur l’environnement en termes de qualité de l’air urbain comme d’émission de CO2, il apparait nécessaire de réinventer la mobilité du XXIe siècle, tirer parti des nouvelles technologies, du numérique, anticiper les usages, modéliser les conséquences des choix de mobilité sur l'écosystème au sens large tout en prenant la mesure des conséquences industrielles de ces mutations ».
 
Établissement public administratif national placé sous la tutelle du ministre chargé de la recherche, l’Académie des technologies est une véritable institution créée en 2000, dont les 316 académiciens, tous experts de leur domaine : technologues, ingénieurs et industriels, mais aussi chercheurs, agronomes, architectes, médecins, sociologues, économistes…, lesquels ont pour conviction que la technologie est source de progrès pour l’ensemble de l’humanité. 
 
« Il faut Investir en amont, dans la maitrise des ressources primaires et dans un développement intensif du recyclage »

 Pour l’Académie cette convention qui avait pour thème « la mobilité terrestre du futur » donnait l’occasion aux participants des divers atelier et tables ronde de se pencher sur la voiture électrique, autonome et connectée et tout ce qu’elle induit en termes d’innovation mais aussi de traitement des déchets, notamment le recyclage des batteries. 
 
Pour ce qui concerne le recyclage des batteries, point noir de la voiture électrique et l’extraction des matériaux rares qui entrent dans la fabrication, Pascal Viginier a fait part de la position de l’Académie des technologies : « L’électrification des véhicules est une évolution sans doute inéluctable. Il est plus que jamais nécessaire de reconquérir l’ensemble des chaines de valeurs, en investissant en amont, dans la maitrise des ressources primaires et dans un développement intensif du recyclage, notamment pour les batteries ».
 
Deux tables rondes ont été organisées au cours de la journée. L’une portait sur « la mobilité électrique : hybride rechargeable, électrique, pile à hydrogène, un nouvel écosystème à développer » et l’autre sur « les enjeux technologiques et industriels du véhicule connecté et automatisé ». Parmi les intervenants, Patrick Bastard, Directeur de la recherche du groupe Renault a expliqué que le constructeur maitrise la conception de ses batteries et que la voiture électrique devient réellement un marché avec déjà 200 000 véhicules électriques Renault en 2018. Pour ce dernier, « d’ici 20 ans, la voiture sera électrique mais son écologie est très dépendante de la façon dont est produite l’électricité. Pour répondre aux défis environnementaux de la mobilité, le pourcentage d’électricité décarbonée utilisé dans la production d’électricité ne doit pas être négligé ». 
 
Marc Granger, Directeur de la stratégie d’Alstom, a abordé la question de l’hydrogène, énergie qui représente « une solution d’avenir avec notamment les piles à combustibles embarquées, mais qui n’est pas encore assez développée en France, contrairement à l’Allemagne ». 
 
Reste qu’il va falloir gérer la demande croissante d’énergie électrique, a rappelé Stéphanie Jumel, Responsable du Programme de Recherche d’EDF. « Cette transition devrait-être compensée par l’amélioration de l’efficacité énergétique », a-t-elle souligné. Quant aux besoins en Lithium, principal composant des batteries, « la France disposerait de réserves minières inexploitées, estimées à 450 000 tonnes », a précisé Pierre Toulhoat, Directeur général délégué et Directeur scientifique du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Mais s’il a été aussi question de l’impact du digital sur la chaîne de valeur de l’industrie automobile et notamment du phénomène de la mobilité partagée qui en devenant mondiale va impacter profondément l’industrie, quid du recyclage, problème majeur, pourtant avancé par le président de l’Académie des technologies. 
 
« La voiture ne répond plus aux questions de fond. Il faut donc repenser la mobilité en prenant en compte les nouveaux usages et les transformations des territoires » 

 L’autre table ronde s’est intéressée aux véhicules autonomes, à leur empreinte sociétale et aux nouveaux services, différents d’aujourd’hui et dont pourront disposer les usagers. Le déploiement du réseau 5G qui servira notamment à assurer le guidage et la sécurité des véhicules autonomes a été également au cœur de la discussion. Mais l’enjeu du véhicule autonome reste de « réduire la congestion des villes », comme l’a souligné Laurent Kocher, Directeur exécutif Nouvelles Mobilités de Keolis. « Aujourd’hui 80% des véhicules ne transportent qu’une personne ». 
 
En préambule a ces tables rondes, très intéressantes, le philosophe Dominique Christian a précisé que nous vivions une véritable crise de la mobilité qui va bien au-delà des ruptures technologiques. « La voiture ne répond plus aux questions de fond. L’évolution plus que millénaire vers la sédentarisation, et son corollaire, le besoin d’évasion dont l’automobile a été le symbole au XXème siècle, s’est inversé avec la nomadisation récente qui induit un besoin de « connectivité ». Il faut donc repenser la mobilité en prenant en compte les nouveaux usages et les transformations des territoires ». De son coté, Patrick Pélata, ancien Directeur général délégué du groupe Renault, et membre de l’Académie des technologies estime qu’il faut supprimer toutes les émissions de CO2 d’ici 2050. « Le 20ème siècle a donné tout l'espace urbain à l'automobile et ce n'est plus possible maintenant », appuie ce dernier. 
 
Alors la voiture électrique est-elle la solution, pas certain, il faut avant tout repenser la mobilité et ses impacts sur les territoires. Lors de l’allocution de clôture, Anne-Marie Idrac, ancienne ministre, haute représentante pour le développement des véhicules autonomes est intervenue sur la mobilité, la capacité à se déplacer et ce que cela implique en matière de liberté. Pour l’ancienne ministre, « ces nouveaux moyens de transport vont bouleverser la filière automobile, mais le modèle économique est à réinventer », notamment pour les voitures à partager.  D’autres modes de transports révolutionnent la ville aujourd'hui, notamment les vélos, trottinettes et scooters électriques connaissent un grand succès. « Ils vont contribuer à réduire plus rapidement les émissions de CO2 et de particules ». 





              

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