La télésurveillance cardiaque permet de faire baisser le nombre de décès.


le Lundi 26 Septembre 2022 à 16:33

Une étude sur la télésurveillance à domicile menée par Rémi Sabatier professeur de télémédecine à l’université de Caen et cardiologue au CHU de Caen et l’association pour l’amélioration de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque en Normandie a montré que le télémonitorage à domicile, couplé à l’implication des patients souffrant d’insuffisance cardiaque, permet de réduire les taux de ré-hospitalisation et de mortalité.


La télésurveillance cardiologique à domicile permet de réduire l'hospitalisation et la mortalité (image d'illustration Adobe Stock)
La télésurveillance cardiologique à domicile permet de réduire l'hospitalisation et la mortalité (image d'illustration Adobe Stock)
Les programmes de télémédecine constituent une stratégie efficace et économiquement rentable dans la prise en charge des patients. La récente pandémie de COVID-19 a permis de montrer l'intérêt d'évaluer et de prendre en charge les patients vulnérables à domicile. 
 
Dans ce contexte, une étude, intitulée « Impact of patient engagement in a French telemonitoring programme for heart failure on hospitalization and mortality », a été publiée, le 17 juin 2022,  par une équipe de chercheurs dirigée par Rémi Sabatier, professeur de télémédecine à l’université de Caen et cardiologue au CHU de Caen. Cette étude porte sur les taux de ré-hospitalisation et de mortalité des patients souffrant d'insuffisance cardiaque engagés dans un programme de télémonitorage à domicile. Chez les patients utilisant le plus la télésurveillance à domicile, le taux de ré-hospitalisation pour insuffisance cardiaque à un an était en baisse de 50% et le taux de mortalité à deux ans avait diminué de 40%. Ces résultats confirment une étude pilote de 2012 qui avait déjà montré une réduction de 46% des cas de ré-hospitalisation à 1 an.
 
Cette étude a été réalisée auprès de 659 participants au programme SCAD. Ce programme est un service de télésurveillance interactif à domicile destiné aux patients souffrant d'insuffisance cardiaque qui acceptent de participer à un programme d'éducation thérapeutique. Il a été initié par le service de cardiologie du CHU de Caen et promu par un groupe de travail régional de l'OMS. 
 
« Ce service permet de suivre les symptômes en temps réel et d'intervenir précocement. En apprenant aux patients à se surveiller et à identifier les signes de détérioration clinique, le système leur permet non seulement de demander de l’aide mais aussi de prendre conscience de l'effet positif des modifications de leur mode de vie sur la stabilité de leur maladie », explique le professeur Rémi Sabatier.  
 
Les patients doivent remplir quotidiennement un questionnaire. En cas de détection d’une décompensation aiguë, une infirmière spécialisée, un médecin généraliste ou un cardiologue prennent immédiatement en charge le malade, ce qui peut s’avérer vital.

Une première sur le plan méthodologique

Pendant la période de télésurveillance, dont la durée était au minimum de 3 mois, les patients ont recueilli des informations sur leur santé et leur mode de vie. Pour leur part, la ré-hospitalisation et la mortalité ont été documentées sur une période de 12 mois et 5 ans. Les données ainsi collectées ont été comparées avec la base de données de l'assurance maladie, ce qui constitue un des premiers exemples en France de rapprochement d’une base de données de télémédecine avec des données complètes sur l'utilisation des soins de santé. Cette approche a permis de réaliser un taux d'appariement élevé entre les deux bases de données (86,7 % des patients). Par ailleurs, la combinaison des données des deux sources de données apporte une valeur ajoutée considérable, notamment pour analyser les dépenses de santé des patients considérés.

Une prise en charge plus rapide des patients et une baisse de 50% de la ré-hospitalisation

L’étude montre, d’une part, que la télésurveillance éducative à domicile des patients souffrant d'insuffisance cardiaque après une hospitalisation présente des avantages cliniques à long terme en termes de réhospitalisation et de décès ; l’impact bénéfique varie en fonction du niveau d'utilisation du programme par le patient. Un faible engagement de la part des patients dans la télésurveillance pouvant être considéré comme un signe avant-coureur de mauvais pronostic.
 
D’autre part, le programme SACD s’avère efficace dans la mesure où il génère des alertes permettant d’éviter l'aggravation de la défaillance cardiaque. On constate que la majorité des alertes sont prises en compte dans les 24 heures, ce qui ne serait pas possible si le patient était obligé de sortir de son domicile et de consulter un médecin. Environ la moitié des alertes, rouges ou orange, conduisent à une consultation médicale ou à une hospitalisation.
 
Les chercheurs observent, au cours de la première année, une diminution de l’ordre de 30% du taux de ré-hospitalisation, toutes causes confondues et une diminution d’environ 50% des ré-hospitalisations pour maladie cardiovasculaire.  La mortalité s’avère également plus faible (19,3 % contre 40,3 % à 2 ans) comparée aux données nationales sur les patients atteints de défaillance cardiaque en 2009, date où le programme SCAD a démarré. Les résultats de l’étude montrent que l'éducation thérapeutique pendant la période de télésurveillance, en ce qui concerne le mode de vie et l'autosurveillance, induit une modification durable du comportement du patient et génère des bénéfices cliniques persistants. La sensibilisation des patients améliore également leur adhésion au traitement. 
 
L’étude dirigée par le professeur Sabatier confirme les enseignements d’autres études internationales qui montrent toutes que la télésurveillance à domicile peut réduire de manière significative les hospitalisations et la mortalité chez les patients souffrant de défaillance cardiaque chronique. C’est une première en France pour ce qui concerne les avantages des soins de l'insuffisance cardiaque utilisant la télésurveillance, laquelle qui permet de réduire les hospitalisations, d’améliorer le pronostic et de diminuer les coûts pour le système de santé.





              


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