Lisbonne veut bannir les voitures de son centre-ville


le Lundi 24 Février 2020 à 16:27

Après la ville espagnole de Pontevedra (Espagne) c’est autour de Lisbonne (Portugal) de se pencher sur le difficile dossier des centres-villes sans voitures. Mais si la première est une ville moyenne, la seconde est une capitale européenne de 545 000 habitants, ce qui rend d’autant plus difficile la mise en application de ce principe qui n’apporte que des bienfaits en matière de transition écologique.


Lisbonne et ses célèbres tramway jaunes créés en 1873 (photo Adobe Stock)
Lisbonne et ses célèbres tramway jaunes créés en 1873 (photo Adobe Stock)
Imaginez Paris intra-muros sans voiture, avec seulement des transports en commun mus par une énergie renouvelable, avec une place de la Concorde et des Champs-Élysées entièrement réservés à la mobilité douce (piéton, vélos, trottinettes…). C’est pourtant le pari réussi de la ville de Pontevedra en Galice Espagnole. Certes, cette dernière ne compte que 83 000 habitants, mais elle a réussi à éloigner les voitures du centre-ville et sa méthodologie fait désormais école. D’autres villes lui emboitent le pas et pas seulement des petites. C’est notamment le cas de Lisbonne, la capitale du Portugal.
 
Ville d’un peu plus d’un demi-million d’habitant pour sa partie intra-muros et deux millions pour son agglomération urbaine, Lisbonne, n’est pas la plus importante des capitales européennes. Reste que la circulation y est comme dans toutes les métropoles européennes, importante et que les portugais, sont comme les autres européen, utilisateurs de véhicules motorisés pour circuler au cœur de la ville.  
 
Mais si la tache peut sembler ardue, elle est à la portée du maire socialiste de la ville : Fernando Medina. La ville qu’il administre a déjà été sacrée, l’an dernier, par la Commission Européenne, première « ville verte » d’Europe. Son engagement écologique et notamment la plantation de plusieurs milliers d’arbres au cœur même de la ville. Mais ce verdissement ne suffit pas pour ce maire qui a fait de la neutralité carbone, son cheval de bataille : il veut limiter la circulation automobile dans le cœur de la ville d’ici l’été 2020 et plus particulièrement dans les quartiers de la Baixa et du Chiado, deux quartiers historiques pas vraiment encombrés par les voitures .
 
À ce jour, un peu moins de 40 000 y circulent quotidiennement dans ces deux quartiers. « Leur retrait réduirait de 60 000 tonnes par an les émissions de dioxyde de carbone » avance le maire, convaincu que ce nouvel engagement va dans le sens du prix de capitale verte de l’Europe décerné par l’Union Européenne.  
 
Comme c’est le cas à Paris quand la maire, Anne Hidalgo, propose de fermer certaines voies aux automobiles, l’affaire a fait grand bruit dans la presse locale. Et même s’ils ne se montrent pas fondamentalement opposés à ce projet, certains n’hésitent pas à parler de « véritable révolution ».  C’est le cas du quotidien généraliste portugais « Diário de Notícias  » qui après avoir interrogé les habitants et notamment les commerçants des quartiers concernés, titrait début février : « La révolution du centre de Lisbonne vue par ceux qui y vivent ».
 
« Les gens se rendent peu à peu compte que c’est exactement comme ça qu’une ville se valorise : en préservant son espace le plus habitable ». 

 Si certains approuvent, « les commerçants craignent que la ville ne se transforme en véritable parc d’attraction pour touristes ». Cette ville est déjà, pour la douceur de son climat et son accueil, très prisée des touristes européens. D’autres résidents dénoncent « l’inauguration en 2017 du terminal de croisières tout proche, autrement plus pollueur que l’ensemble des véhicules qui transitent par la capitale ». Un classique dans cet approche écologique : les automobilistes ont toujours l’impression de servir de bouc-émissaire, ces derniers estimant qu’ils ne sont, à titre individuel, qu’une goutte d’eau dans l’océan de la pollution de leur ville. 
 
Parmi les artères de ville qui pourraient voir la circulation automobile réduite d’ici l’été : l’emblématique Avenida da Liberdade, une des principales avenues de la ville de Lisbonne, qui relie la place des Restaurateurs (Praça dos Restauradores) à la place Marquis de Pombal (Praça Marquês de Pombal), les Champs-Élysées lisboètes. Mesurant près 90 mètres de large et 1 500 mètres de longueur, cette grande avenue comprend plusieurs voies de circulation et de larges promenades avec jardins et trottoirs à la portugaise. Un lieu idéal pour réduire la circulation automobile. 
 
« C’est la zone la mieux desservie de tout le pays par les transports en commun », souligne l’éditorialiste du Diário de Notícias Daniel Oliveira. « L’avenir pour lequel se battent nos enfants ne se fera pas sans que la dictature de la voiture ne soit renversée. C’est la voie à suivre ».
 
Propos similaires de João Miguel Tavares, plutôt considéré comme journaliste de droite, dans le journal quotidien national numérique espagnol Público  : « Les gens se rendent peu à peu compte que c’est exactement comme ça qu’une ville se valorise : en préservant son espace le plus habitable. Les voitures s’éloignent, les rues se rapprochent ». Finalement ce souhait de réduire le flot de voitures dans les plus grandes rues du centre-ville ne suscite pas vraiment de réactions de colère, notent les observateurs, confortant ainsi l’idée de la municipalité d’aller dans ce sens.  
 
Source Courrier International





              

Energie | Mobilité | Habitat | Aménagement | Environnement | e-Santé | Règlementation | Consommation | Société


vignette adhésion Banniere Don