Mobilité : Bus gratuits, ça roule à Dunkerque


le Mardi 11 Septembre 2018 à 16:15

Comment convertir les urbains à l’utilisation des transports en commun pour se rendre dans des centres-villes de plus en plus inaccessibles aux voitures ? En mettant en place la gratuité des bus. Cette démarche c’est celle de l’Agglomération de Dunkerque (Nord). Et visiblement ça fonctionne.


Après une première expérience de gratuité le week-end, lancée en 2015, à Dunkerque, les bus sont désormais gratuits tous les jours (Photo Communauté urbaine de Dunkerque)
Après une première expérience de gratuité le week-end, lancée en 2015, à Dunkerque, les bus sont désormais gratuits tous les jours (Photo Communauté urbaine de Dunkerque)
Après une période de test lancée en 2015, c’est désormais chose faite. Depuis le 1er septembre dernier, les habitants de Dunkerque n’ont plus à prendre un ticket ou une carte d’abonnement pour monter à bord des bus de la communauté urbaine, car les bus sont désormais gratuit. La gratuité des transports en commun pour doper les centres-villes, souvent désertés pour leurs difficultés d’accès aux automobiles, - les espaces piétonniers et vélos devenant, pour des raisons environnementales, de plus en plus vastes –, et des parkings plus chers, est devenue une réalité dans une trentaine de villes françaises. Si Dunkerque n’est pas la première ville, son agglomération qui comprend 17 communes pour 200 000 habitants est la plus importante à avoir fait le choix de la gratuité pour ses bus.

« Il est temps de dépoussiérer les concepts et les pratiques. En proposant la gratuité d'accès aux transports, nous n'en devenons pas pour autant des élus mauvais gestionnaires, inconscients, insouciants », a déclaré Patrice Vergriete (LDVG), maire de Dunkerque et président de la Communauté urbaine, lors des premières Rencontres des villes du transport gratuit, qui se tenaient les 3 et 4 septembre dans sa ville. «  J'en ai entendu des florilèges de préjugés, de dogmes et de contre-vérités », a poursuivi le maire. « En 2015, deux tiers des déplacements à l’échelle de l’agglomération s’effectuaient en voiture. Beaucoup de Dunkerquois avaient fini par oublier l’existence même du bus ».

Si ceux qui possèdent une voiture se détournent du centre-ville, préférant les parkings des supermarchés périphériques, toujours gratuits, il existe également une partie de la population qui ne peut pas, pour des raisons économiques, s’offrir des trajets réguliers en bus. C’est ce que rappelait lors de ces rencontres, Damien Carême, maire écologiste de Grande-Synthe et vice-président de la communauté urbaine de Dunkerque : « dans la commune que je gère il y a 28 % de chômeurs et 30 % des ménages qui ont un revenu annuel inférieur à 10 000 euros. Pour plus de la moitié de la population, le bus est donc trop cher ».

En 2015, constatant la difficulté qu’avaient certains de ses concitoyens, et la baisse de fréquentation du centre-ville de Dunkerque, le maire avait tenté une première expérience de gratuité le week-end, de ce qu’il appelle désormais « un choc psychologique favorable au transport en commun ». L’idée a fait son chemin et le maire est convaincu que ce choc permettra « une croissance de fréquentation bien supérieure au surcoût financier, faisant diminuer le coût par voyage ou par voyageur ».  Le maire voit même dans cette pratique, « un gage de l’efficacité de l’utilisation de l’argent public ».
 
« C'est un choix politique que nous avons fait et que nous assumons pleinement »

Ce qui motive les élus c’est avant tout de ramener les habitants vers le centre-ville. « Seulement 4,7 % des déplacements se font en bus sur l’agglomération et notre objectif est d’atteindre 10 % en 2020 » poursuit le maire de Grande-Synthe. « Je pense qu’on les dépassera et que l’on arrivera à opérer un changement d’attitude ».

Reste à financer la mesure. Comme dans beaucoup de villes et communautés d’agglomération, ce sont les collectivités et le versement transports payés par les entreprises qui financent les réseaux de transports, auxquels s’ajoutent la vente des billets. Dans la Communauté urbaine de Dunkerque, la vente de billets s’élève 4,5 millions d’Euros par an ce qui représente 10 % du coût global du réseau de transports en commun. La Communauté qui avait augmenté la contribution des entreprises de 0,5 %, pour financer un projet de salle Arena, depuis abandonné, s'est alors constitué une cagnotte qui devrait permettre de financer le manque à gagner de la première année, lequel n’est pas aussi important qu’il n’y paraît et peut tout à fait être absorbé, sans augmentation des taxes locales. 

« C'est un choix politique que nous avons fait et que nous assumons pleinement », poursuit le Maire-Président, convaincu que cette initiative sera payante à termes pour la collectivité. La gratuité le week-end, lancée en 2015 a permis d’enregistrer une augmentation du taux de fréquentation de 50 %, à laquelle s’ajoute plusieurs plus-values : sur le plan social, en réduisant l’exclusion liée à l’achat des billets, sur le plan des incivilités, plus difficiles dans des bus plus fréquentés et enfin sur le plan environnemental, le bus gratuit visant à rééquilibrer les modes de transport dans une agglomération déjà très impactée par la présence d'industries lourdes.

17 lignes, progressivement renouvelées par des bus dernière génération, moins polluant, desservent l’ensemble de la métropole dunkerquoise, avec cinq lignes toutes les dix minutes mettant 80% de la population à moins de 300 mètres d'un arrêt et à moins de 20 minutes de la gare de Dunkerque. La plage horaire a été élargie de 5h30 à 22h30 avec des bus équipés de prises pour recharger les téléphones portables et un réseau WiFi. Un confort qui devrait permettre aux habitants de retrouver le chemin du centre-ville.
 





              

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