Une production européenne en recul structurel
Les chiffres présentés par la FIEV sont sans appel : la production mondiale de véhicules dépasse les 90 millions d’unités par an, mais l’Europe n’en représente plus que 9 %, contre plus de 30 % il y a vingt ans. La France, elle, n’en produit plus que 1,5 %.
Selon une étude conjointe de la FIEV et de l’UIMM Franche-Comté, la production nationale de véhicules légers est passée de 1,5 million en 2023 à 1,36 million en 2024, soit une chute de 63 % depuis 2002 et de 38 % depuis 2020. Les effectifs des équipementiers, qui emploient environ 56 000 salariés, ont baissé de 17 % depuis 2019, et 7 300 emplois supplémentaires sont déjà menacés en 2025. Plus de 70 % des entreprises du secteur estiment qu’une partie de leur production en Europe est menacée de délocalisation vers des pays à bas coûts.
« L’outil industriel n’est pas prêt à aller sur l’électrique à marche forcée. Les 42 % d’équipementiers qui annoncent ne pas être rentables en Europe en 2025 tirent la sonnette d’alarme : il est temps d’ajuster notre stratégie, sous peine de voir la chaîne de valeur s’effondrer. » , Jean-Louis Pech
Les chiffres présentés par la FIEV sont sans appel : la production mondiale de véhicules dépasse les 90 millions d’unités par an, mais l’Europe n’en représente plus que 9 %, contre plus de 30 % il y a vingt ans. La France, elle, n’en produit plus que 1,5 %.
Selon une étude conjointe de la FIEV et de l’UIMM Franche-Comté, la production nationale de véhicules légers est passée de 1,5 million en 2023 à 1,36 million en 2024, soit une chute de 63 % depuis 2002 et de 38 % depuis 2020. Les effectifs des équipementiers, qui emploient environ 56 000 salariés, ont baissé de 17 % depuis 2019, et 7 300 emplois supplémentaires sont déjà menacés en 2025. Plus de 70 % des entreprises du secteur estiment qu’une partie de leur production en Europe est menacée de délocalisation vers des pays à bas coûts.
« L’outil industriel n’est pas prêt à aller sur l’électrique à marche forcée. Les 42 % d’équipementiers qui annoncent ne pas être rentables en Europe en 2025 tirent la sonnette d’alarme : il est temps d’ajuster notre stratégie, sous peine de voir la chaîne de valeur s’effondrer. » , Jean-Louis Pech
Le talon d’Achille : batteries et électronique
Au cœur des débats, la souveraineté technologique a suscité de vives réactions. Les batteries, élément clé de la transition énergétique, concentrent 80 % des investissements asiatiques mondiaux, quand l’Europe peine à capter une part significative de la valeur ajoutée. Cette dépendance électronique menace directement la capacité des territoires à maintenir leurs emplois industriels et à attirer les nouveaux acteurs de la mobilité.
« Nous devons redevenir souverains sur les batteries, mais aussi sur l’électronique embarquée. Le cas Nexperia¹ aux Pays-Bas est un signal d’alerte : notre dépendance devient un risque stratégique. »
Au cœur des débats, la souveraineté technologique a suscité de vives réactions. Les batteries, élément clé de la transition énergétique, concentrent 80 % des investissements asiatiques mondiaux, quand l’Europe peine à capter une part significative de la valeur ajoutée. Cette dépendance électronique menace directement la capacité des territoires à maintenir leurs emplois industriels et à attirer les nouveaux acteurs de la mobilité.
« Nous devons redevenir souverains sur les batteries, mais aussi sur l’électronique embarquée. Le cas Nexperia¹ aux Pays-Bas est un signal d’alerte : notre dépendance devient un risque stratégique. »
Le rôle moteur du Pôle Véhicule du Futur
Implanté sur le Grand Est et la Bourgogne–Franche-Comté, le Pôle Véhicule du Futur fédère plus de 400 entreprises, laboratoires et collectivités autour de projets d’innovation, de formation et de reconversion industrielle. Sa mission : accompagner la transformation de la filière automobile vers les mobilités décarbonées et connectées, en rapprochant PME, équipementiers et donneurs d’ordres.
« Le rôle du Pôle est d’aider les entreprises à se projeter, à innover ensemble, et à transformer ces transitions en opportunités concrètes. La clé, c’est la coopération territoriale. » , Ludovic Party
En Bourgogne–Franche-Comté, la filière automobile représente 366 entreprises et plus de 37 000 salariés, soit un quart de l’emploi industriel régional. Cette densité industrielle, combinée au réseau d’innovation du Pôle, fait de la région un territoire clé pour la reconquête industrielle française.
Implanté sur le Grand Est et la Bourgogne–Franche-Comté, le Pôle Véhicule du Futur fédère plus de 400 entreprises, laboratoires et collectivités autour de projets d’innovation, de formation et de reconversion industrielle. Sa mission : accompagner la transformation de la filière automobile vers les mobilités décarbonées et connectées, en rapprochant PME, équipementiers et donneurs d’ordres.
« Le rôle du Pôle est d’aider les entreprises à se projeter, à innover ensemble, et à transformer ces transitions en opportunités concrètes. La clé, c’est la coopération territoriale. » , Ludovic Party
En Bourgogne–Franche-Comté, la filière automobile représente 366 entreprises et plus de 37 000 salariés, soit un quart de l’emploi industriel régional. Cette densité industrielle, combinée au réseau d’innovation du Pôle, fait de la région un territoire clé pour la reconquête industrielle française.
2030–2035 : une trajectoire à deux vitesses à réévaluer
Pour la FIEV, la période 2025–2030 sera décisive : c’est durant ces cinq années que se jouera la capacité de la filière à absorber le choc de l’électrification, à sécuriser en approvisionnements stratégiques et à relocaliser la production. L’objectif 2035 – 100 % de véhicules électriques neufs – reste une étape ambitieuse mais intenable sans ce rééquilibrage préalable.
L’approche doit être plus pragmatique et systémique, articulée autour de trois mesures prioritaires :
Pour la FIEV, la période 2025–2030 sera décisive : c’est durant ces cinq années que se jouera la capacité de la filière à absorber le choc de l’électrification, à sécuriser en approvisionnements stratégiques et à relocaliser la production. L’objectif 2035 – 100 % de véhicules électriques neufs – reste une étape ambitieuse mais intenable sans ce rééquilibrage préalable.
L’approche doit être plus pragmatique et systémique, articulée autour de trois mesures prioritaires :
- Fixer un seuil minimal de 80 % de contenu local européen, afin de garantir que la valeur ajoutée reste sur le territoire.
- Mettre en œuvre un plan d’investissement européen inspiré de l’IRA américain, pour compenser le différentiel de compétitivité avec l’Asie et les États-Unis.
- Appliquer la neutralité technologique dans les politiques publiques, en favorisant une approche cycle de vie et la diversification des solutions : électrique, hybride, hydrogène, biocarburants et recyclage.
Nevers, laboratoire de la réindustrialisation
Au-delà du constat, la rencontre a démontré la volonté de Nevers Agglomération d’être un acteur de terrain dans la reconquête industrielle. Le territoire mise sur son écosystème d’innovation (L’INKUB, ISAT, Technicentre SNCF, startups locales) et sur des partenariats structurants avec la BPI, Business France, l’AER et le Pôle Véhicule du Futur.
L’appel lancé à Nevers par la FIEV s’inscrit dans un mouvement plus large, visant à alerter sur la situation critique de la filière et à promouvoir des solutions concrètes. Ensemble, ils défendent une vision claire : une industrie européenne souveraine, compétitive et décarbonée, appuyée sur l’innovation, les compétences et la proximité territoriale.
Au-delà du constat, la rencontre a démontré la volonté de Nevers Agglomération d’être un acteur de terrain dans la reconquête industrielle. Le territoire mise sur son écosystème d’innovation (L’INKUB, ISAT, Technicentre SNCF, startups locales) et sur des partenariats structurants avec la BPI, Business France, l’AER et le Pôle Véhicule du Futur.
L’appel lancé à Nevers par la FIEV s’inscrit dans un mouvement plus large, visant à alerter sur la situation critique de la filière et à promouvoir des solutions concrètes. Ensemble, ils défendent une vision claire : une industrie européenne souveraine, compétitive et décarbonée, appuyée sur l’innovation, les compétences et la proximité territoriale.
Conclusion : rebondir avant qu’il ne soit trop tard
« Il faut se battre et rebondir avant qu’il ne soit trop tard. » , Jean-Louis Pech
L’appel lancé à Nevers résonne bien au-delà de la Nièvre. Il symbolise la nécessité d’un sursaut collectif pour défendre la souveraineté industrielle française et européenne, et redonner à la filière automobile sa place dans la transition énergétique.
Entre la lucidité des constats économiques et la volonté politique d’agir, un consensus émerge : la réussite de la transition ne se fera pas contre l’industrie, mais avec elle, en s’appuyant sur ses compétences, ses territoires et sa capacité d’innovation.
Nevers, en réunissant équipementiers, élus et clusters industriels, a montré que la reconquête industrielle européenne commence aussi dans les territoires — là où se tissent chaque jour les liens entre technologie, emploi et souveraineté.
Un signal fort envoyé à l’échelle nationale : c’est par la coopération, l’investissement et la cohérence des politiques publiques que l’Europe pourra rebondir avant qu’il ne soit trop tard.
« Il faut se battre et rebondir avant qu’il ne soit trop tard. » , Jean-Louis Pech
L’appel lancé à Nevers résonne bien au-delà de la Nièvre. Il symbolise la nécessité d’un sursaut collectif pour défendre la souveraineté industrielle française et européenne, et redonner à la filière automobile sa place dans la transition énergétique.
Entre la lucidité des constats économiques et la volonté politique d’agir, un consensus émerge : la réussite de la transition ne se fera pas contre l’industrie, mais avec elle, en s’appuyant sur ses compétences, ses territoires et sa capacité d’innovation.
Nevers, en réunissant équipementiers, élus et clusters industriels, a montré que la reconquête industrielle européenne commence aussi dans les territoires — là où se tissent chaque jour les liens entre technologie, emploi et souveraineté.
Un signal fort envoyé à l’échelle nationale : c’est par la coopération, l’investissement et la cohérence des politiques publiques que l’Europe pourra rebondir avant qu’il ne soit trop tard.
Note¹
¹ Nexperia, fabricant néerlandais de semi-conducteurs, a été racheté en 2019 par le groupe chinois Wingtech Technology, lui-même soutenu par le fonds d’État chinois National IC Fund. Cette acquisition a suscité de fortes inquiétudes en Europe quant au contrôle étranger d’actifs stratégiques liés à l’électronique et aux composants automobiles. En 2023, le gouvernement néerlandais a ordonné la cession d’une partie des activités de Nexperia à cause de risques identifiés pour la sécurité nationale et la souveraineté technologique européenne.












