La bulle des objets connectés est-elle en train de se dégonfler ?


le Mardi 14 Février 2017 à 11:50

Trop chers, pour des objets considérés pour la plupart, comme inutiles, le magazine Challenge n’est pas tendre avec les objets connectés que ses promoteurs considèrent pourtant comme la troisième révolution numérique après internet et les mobiles. La fin ou le début d’une prise de conscience, tentons d’y voir clair.


La montre connectée d'Apple, trop chère, peine à percer le marché des objets connectés
La montre connectée d'Apple, trop chère, peine à percer le marché des objets connectés
Ça devait être le Graal du high-tech français.  Aujourd’hui, l’Internet des objets est au point mort. En cause, des produits souvent inutiles et chers » peut-on lire début février sur le site web Challenge.fr. Si l’auteur du sujet reconnaît que la « French touch », ou plutôt la French Tech a connu une fois de plus le succès dans les allées de l’incontournable Consumer Electronics Show, du 5 au 8 janvier dernier et admet que certaines innovations sont plutôt ingénieuses d’autres sont à reléguer au rang « d’aimables gadgets ». C’est malheureusement le cas pour de nombreuses trouvailles comme la brosse à dent ou la fourchette connectées. Rien n’a changé depuis que le monde existe et nombreux sont les objets créés par des inventeurs géniaux et qui n’ont pas dépassé la paillasse de leur laboratoire.  Et pourquoi les objets connectés échapperaient-il à cette règle ?
 
Et de rappeler que les cabinets spécialisés multiplient les études prometteuses. GfK, institut allemand d'études de marché et d'audit marketing, l’un des plus grands instituts de prospectives internationales prévoit 30 objets connectés par foyer en 2020. Son alter ego, le cabinet Gartner annonce 30 milliards d’objets connectés dans le monde, tandis que le troisième,  IDC prédit un volume d’affaires de 1.700 milliard de dollars. L’internet des objets connectés serait donc, à les croire, un marché porteur d’un avenir certain pour ceux qui se lancent.
 
Mais selon Challenge, « au grand désespoir des fabricants, cette nouvelle catégorie de produits n’a toujours pas trouvé son public. La montre connectée, mêlant horlogerie chic et technologie de pointe, a symbolisé cette industrie naissante. Les résultats sont loin d’être au rendez-vous »
 
Certes Apple  qui nous a habitués aux produits technologiques, objets du désir, peine à commercialiser son Apple Watch et Peeble précurseur en 2012 des bracelets connectés, vient d’être avalé par le géant américain des « wearables », Fitbit. « Même les distributeurs, tels que la Fnac et Darty, ont réduit la voilure sur leurs rayons d’objets connectés », indique le magazine de l’économie et de la finance.
 
Selon ce dernier, les prix sont d’abord trop élevés. 740.000 montres connectées auraient été vendues sur les neuf premiers mois de 2016, pour une valeur moyenne de 240 euros. « L’essor viendra lorsqu’il y aura des usages directement liés à la montre, sans passer par le smartphone, comme la carte Navigo par exemple »  résume Michaël Mathieu, directeur des marchés image et télécom chez GfK , dans les colonnes du magazine.
 
Ce n’est pas un phénomène de masse. Les gens normaux ne savent même pas ce qu’est un objet connecté

 Alors le marché pourtant prometteur de l’IoT serait-il en train de retomber comme un soufflet sorti trop tôt du four. Certains le considèrent, comme Rafi Haladjian, star des geeks avec son drôle de lapin Nabaztag connecté en Wi-Fi, lancé en 2005, vendu à 180 000 exemplaires et qui tiré sa révérence en février 2015. « Ce n’est pas un phénomène de masse. Les gens normaux ne savent même pas ce qu’est un objet connecté. Et croire qu’on va séduire le marché avec nos objets qui valent 200 euros, c’est une illusion », avoue le vétéran de la High-Tech française.
 
Selon Stéphane Bohbot, fondateur du distributeur d’objets connectés Lick, « les fabricants d’objets connectés doivent aller au-delà des geeks ». Pour Éric Morand, directeur technologie et services innovants de Business France, « les créateurs de start-up oublient parfois d’ajouter la marge du distributeur, laquelle multiplie leur prix par deux et a pour résultats de voir leurs produits vendus en magasins à des niveaux de prix rédhibitoires ».

À tout cela s’ajoute la sécurité informatique de ces chers objets. « Le 21 octobre dernier, Twitter, Spotify, Netflix et d’autres sites ont ainsi subi une cyberattaque géante. Les hackers ont utilisé comme intermédiaires des dizaines de millions d’objets connectés, tels des caméras et des babyphones », relate Challenge.
 
Si le 11 décembre dernier, le site américain « Business Insider » prophétisait carrément la fin des objets connectés, « le secteur, composé d’une myriade de startups, devait continuer de se consolider en 2017 », souligne tout de même le magazine, pour ne pas terminer sur une note trop négative.
 
Il est évident que les analyses des cabinets d’audit retiennent l’attention des créateurs de tous poils qui voient dans ce miroir aux alouettes une assurance pour l’avenir. Ce serait oublier une peu vite que la technologie est en constante évolution et, à moins d’un crash mondial, le mouvement n’est pas prêt de s’arrêter. Reste aux startups à être suffisamment bien conseillées pour que leur projet devienne pérenne et évolue normalement comme toute entreprise qui sait prévoir l’avenir.
 
Pour lire le sujet sur Challenge « La vérité sur…l’échec des objets connectés   »





              


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